Intervention de Ange Mancini

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 27 avril 2011 : 1ère réunion
Audition de M. Ange Mancini coordonnateur national du renseignement

Ange Mancini, coordonnateur national du renseignement :

Je voudrais dire en préalable que de toute ma carrière, je n'ai jamais directement relevé d'un service de renseignement. Je ne fais donc partie d'aucune « chapelle ».

La fonction de coordonnateur national du renseignement a été voulue par le Président de la République et elle a été préconisée par le Livre blanc pour amener les services à davantage coopérer. Je suis frappé et satisfait de constater le sens positif dans lequel cette coopération a évolué ces dernières années.

Les six services qui forment la communauté du renseignement ont désormais pris l'habitude de se réunir régulièrement. Il y a encore quelques années, on n'aurait jamais pensé que de telles réunions puisse se tenir sans qu'elles ne ressemblent à une partie de « poker menteur ».

Je dois vraiment, sur ce point, rendre hommage à mon prédécesseur, Bernard Bajolet, qui a mis en place avec succès cette coordination entre services.

Certes, par le passé, certains services entretenaient des relations de travail, notamment la DGSE et la DST. Mais d'autres services participent au renseignement : la Direction du renseignement militaire (DRM), la Direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD), la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DRNED) ou encore la cellule Tracfin. En réalité, parmi ces services, certains s'ignoraient totalement. Le premier bénéfice de la réforme aura été d'amener tous ces services à se connaître et à se parler. Chaque service incarne une facette particulière de notre système de renseignement et apporte sa contribution propre.

Le Président de la République a voulu cette communauté du renseignement et cette coordination afin de disposer, quotidiennement, d'un point sur les questions de renseignement susceptibles de l'intéresser. C'est en quelque sorte un système d'alerte du Président de la République dans le domaine du renseignement.

Le coordonnateur national du renseignement, j'insiste sur ce point, n'est pas une structure de commandement. Chaque service conserve la plénitude de ses responsabilités. En revanche, le coordonnateur peut les orienter vers des domaines qui méritent une attention renforcée de leur part.

C'est en mettant les différents résultats en commun que l'on peut disposer d'une vision complète. Je constate qu'en interministériel comme en interservices, nous bénéficions désormais d'une plus grande cohérence du renseignement.

Vous avez mentionné, Monsieur le Président, la réforme du renseignement intérieur. Mais dans bien d'autres domaines, l'échange et le travail en commun entre services sont indispensables. Je pense par exemple à la protection de notre patrimoine économique, de nos entreprises, de nos industries, qui mérite une attention plus importante. Dans un autre registre, nous mobilisons aujourd'hui l'analyse des différents services sur les zones de conflit qui nous intéressent directement, et s'agissant de l'Afrique du Nord, nous essayons d'évaluer les conséquences que les évènements récents peuvent avoir sur notre sécurité intérieure.

Le coordonnateur national du renseignement est une structure qui a trouvé sa place et son rythme de travail. Je rends une nouvelle fois hommage à Bernard Bajolet qui a mis en place cette fonction et qui représente aujourd'hui la France en Afghanistan.

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