a souligné la disponibilité et le succès des équipes qui, au sein des hôpitaux, traitent les pathologies addictives. Elle s'est interrogée sur la place accordée à l'addictologie au sein des centres hospitaliers universitaires (CHU). Les moyens de prise en charge sont-ils suffisants face à des pathologies qui semblent de plus en plus nombreuses et qui touchent une population toujours plus jeune ? Elle a également dénoncé les méfaits des publicités mensongères, ainsi celles entourant la diffusion de la boisson énergisante « Red bull » ou la diffusion d'un jeu vidéo violent dénoncé par l'association « Famille de France ».
Le Professeur Martine Daoust a confirmé que les alcoolodépendants sont de plus en plus jeunes. Le problème de l'offre est effectivement capital car les campagnes marketing auxquelles sont soumis les étudiants, notamment, sont extrêmement agressives. Chargée d'une mission d'évaluation par le préfet de Picardie, elle a pu constater les effets des campagnes publicitaires des brasseries et des vendeurs de vodka. Une action ferme contre le lobby alcoolier est impérative si l'on veut lutter contre la dépendance à l'alcool.
Le professeur Roger Nordmann a souligné l'évolution inquiétante de la conduite d'alcoolisation chez les jeunes. L'ivresse est aujourd'hui recherchée comme une fin en soi sur le mode anglo-saxon du « bindge drinking ». L'Académie de médecine a remis le 5 juin dernier un rapport comprenant quinze recommandations afin de lutter contre cette tendance, dont la ministre Roselyne Bachelot s'est engagée à tenir compte. Un problème fondamental est celui de l'accessibilité des jeunes et étudiants aux soirées à consommation d'alcool libre, moyennant un droit d'entrée minime. En tant que membre du Conseil de la modération, qui réunit les industriels du secteur alcoolier et une représentation très faible des professions médicales, il estime qu'il peut être possible que les producteurs acceptent d'apprendre aux jeunes « à bien boire », ce qui serait un premier pas de leur part.
Le professeur Philippe Batel a noté que l'assistance publique investit beaucoup dans des techniques de haut niveau pour répondre aux besoins d'un bassin de population très dense. Néanmoins, le délai moyen d'attente pour une consultation est de trois à six mois. Ce délai est inadmissible, car il sélectionne les patients et ne permet qu'à ceux qui sont le moins atteints et qui appartiennent à une catégorie socioprofessionnelle élevée d'accéder aux soins. Concernant la place de l'addictologie, il a indiqué que l'hôpital Beaujon comprend seize professeurs de gastroentérologie qui enseignent le traitement des conséquences de l'alcoolisme, mais aucun professeur d'addictologie susceptible d'enseigner le traitement de la dépendance. L'un des problèmes est l'insuffisante attractivité de la discipline, liée à la fausse perception qu'il n'existe pas de traitement efficace.