a insisté sur la nécessité de conduire une politique de prévention dans les collèges et de renforcer la médecine scolaire, qui a été trop délaissée.
Le professeur Michael Stora a indiqué que la France est le premier pays consommateur de psychotropes au monde. L'addiction peut également s'analyser comme une lutte contre la dépression. Une politique de lutte contre les addictions devrait également s'interroger sur le cas de personnes auxquelles des médicaments de type Prozac sont prescrits pendant vingt ou trente ans. Il est nécessaire de se défier des pressions des laboratoires pharmaceutiques en la matière. Il a également observé l'âge de plus en plus précoce des personnes en état de chaos éthylique qui a été caractérisé par M. François Marti comme une volonté des jeunes de cesser de penser. Une autre étude, du professeur Marcelli, a établi une augmentation de plus de 400 % des pratiques de scarification. Le problème est la prise en compte du temps de l'enfance et de la parentalité. L'inquiétude que suscitent des objets nouveaux comme les jeux vidéo ne doit pas faire disparaître la question de la responsabilité des parents. L'ouverture à l'hôpital Marmottan d'une consultation parentale montre la nécessité de prendre cette dimension en compte. Face à une société très « surmoïque » il y a trente ans et à un idéal parental écrasant, les attaques contre soi-même semblent être, pour les enfants, un moyen de s'échapper. Concernant l'inquiétude exprimée par « Familles de France » sur les effets du jeu « Grand theft auto IV », il a rappelé que ce jeu est interdit aux moins de dix-huit ans et qu'il permet une pratique de la transgression qui est de plus en plus difficile dans notre société tolérante et ouverte.
Le professeur Marc Valleur a précisé que la médecine a longtemps été influencée par une distinction entre le caractère légal ou illégal du produit consommé. Toute consommation d'une substance illicite nécessite un traitement tandis que l'abus de substances licites n'est traité que dès lors qu'il est devenu une dépendance. L'addictologie permet de réunir ces deux approches et de ne pas laisser obscurcir le débat par des représentations en termes de « bons » ou « mauvais » produits et producteurs. De nombreux industriels ont des pratiques publicitaires très efficaces qui valorisent la prise de risques afin de plaire à leurs cibles adolescentes, le cas de la marque « Red bull » en est un exemple. Une évolution importante a eu lieu dans le domaine du jeu d'argent, puisque l'on est passé d'un « jeu de rêve », du type loto, à un jeu procurant une sensation immédiate, du type machines à sous. Tout produit, même légal, peut devenir addictif en fonction du discours qui lui est associé et des comportements qu'il entraîne.