Intervention de Nicolas About

Commission des affaires sociales — Réunion du 14 mai 2008 : 1ère réunion
Santé — Addictions - table ronde

Photo de Nicolas AboutNicolas About, président :

s'est enquis de la répartition et de l'évolution des addictions en France.

Le professeur Martine Daoust a noté qu'à juste titre, les sénateurs s'inquiètent du risque lié à l'alcool ; c'est effectivement celui dont l'impact est le plus néfaste pour la survie de la société. Le manque de moyens est criant et, à Amiens, il est cause de nombreux décès du fait de la carence en lits de sevrage. De nombreux protocoles de prise en charge et des référentiels ont été développés par les médecins qui permettent de traiter la dépendance. Mais la question sort du registre purement sanitaire pour entrer dans le domaine législatif.

Le professeur Philippe Batel a indiqué qu'il est très difficile de répondre à la question du nombre de personnes touchées en France. Il a estimé regrettable qu'un pays qui est capable d'investir beaucoup d'argent pour la prévention d'un risque virtuel, comme la grippe aviaire, n'ait pas, à ce jour, fait d'études générales sur ce sujet. Malgré le développement d'instruments épidémiologiques de mesures, il n'existe, à l'heure actuelle, que des études partielles. Dans les pays anglo-saxons, des études générales sont faites régulièrement, la première voici vingt ans, la plus récente il y a cinq ans. Quoique coûteuses, ces études sont nécessaires à long terme pour permettre l'adaptation des politiques publiques.

Le professeur Roger Nordmann a souligné l'importance des études épidémiologiques, mais a précisé qu'il existe un continuum, en matière d'alcool notamment, entre l'usage occasionnel et la dépendance. Dans la masse de population ainsi recensée, quel peut être le chiffre pertinent à isoler ? Par ailleurs, selon le point de comparaison qu'elles prennent, les études arrivent à des conclusions inverses en matière d'évolution du nombre de dépendants. Elles sont donc très relatives. Pour lutter contre les addictions, le soutien politique est fondamental. L'Académie de médecine a préconisé dans son rapport l'adoption d'un seuil maximal de 0,2 g/l d'alcool pour les permis de conduire probatoires, ce qui serait de nature à diminuer la mortalité et les handicaps causés par les accidents de la route qui touchent principalement les jeunes sur deux roues. Le Garde des Sceaux, Rachida Dati, ayant indiqué qu'une telle mesure n'est pas à l'ordre du jour, un soutien parlementaire est nécessaire pour qu'elle puisse être adoptée.

a fait valoir que le préjugé favorable à l'alcool se double d'enjeux économiques très importants. La commission des affaires sociales a été confrontée à plusieurs reprises à des résistances à l'encontre des mesures de prévention qu'elle préconisait pour cette raison.

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