Intervention de Ivan Renar

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 22 juin 2010 : 1ère réunion
L'éducation nationale face à l'objectif de la réussite de tous les élèves — Audition de M. Jean Picq président de la troisième chambre de la cour des comptes

Photo de Ivan RenarIvan Renar :

J'ai eu beaucoup de plaisir à vous écouter, tant pour la forme que pour le fond. Je suis en effet d'accord avec le constat que vous dressez, et vous le faites dans une superbe langue et avec une grande honnêteté intellectuelle, ce qui est devenu rare. A vous entendre, on comprend, excusez-moi l'expression, que « tout n'est pas foutu ».

Mais le drame, c'est que la situation n'est pas maîtrisée et qu'elle va s'aggraver, l'école n'étant pas épargnée par les effets de la fracture sociale. Sur les questions politiques, vous vous êtes prudemment retiré sur l'Aventin. Mais nous n'échapperons pas à l'obligation de prendre des mesures inégalitaires pour réduire les inégalités. Comme dans le domaine de la santé. Je connais des zones du Nord-Pas-de-Calais qui cumulent tous les handicaps.

On diminue, voire on supprime, certains enseignements qui, précisément, pouvaient être mis à profit par les élèves de milieu défavorisé : l'enseignement artistique, par exemple, ou l'histoire, ne devraient pas devenir optionnels. Je préside un grand orchestre avec un chef prestigieux qui va dans les classes et je constate avec eux le moment magique où des jeunes découvrent qu'il n'y a pas de talent sans un gigantesque travail - 5 % de talent pour 95 % de travail. Cela change leur rapport au travail et j'ai connu une classe de CM2 - sur laquelle France 3 a fait un film « Les enfants de la musique » - une classe toute entière en échec scolaire qui, collectivement, a changé d'attitude et dont les enfants sont devenus facteurs d'équilibre partout où ils sont passés.

Alors que le monde est devenu un grand village, nous restons nuls en langues vivantes, à commencer souvent par le français.

La grande majorité des enseignants fait plus que correctement son travail. Mais dans quelles conditions et à quel prix pour leur santé physique et mentale ? D'autant que leur formation initiale recule et reculera encore avec la mastérisation et que leur formation continue n'est pas au niveau qu'exigerait l'évolution du monde et des technologies.

Je demeure convaincu qu'on peut s'en sortir mais qu'il y a un virage à prendre, et si vous étiez ministre de l'éducation nationale, le dialogue pourrait s'instaurer avec l'ensemble des enseignants. On ne peut pas séparer éducation et enseignement.

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