Je partage en partie vos conclusions : le Microlycée ne travaille pas pour tous les élèves mais pour ceux qui veulent revenir à l'école. Bien sûr, il y a une sorte de sélection des meilleurs, puisqu'on ne s'adresse qu'aux volontaires, mais nous ne donnons quand même pas dans la méritocratie. Nous ne sélectionnons pas, nous recrutons ceux qui correspondent à des critères précis. Les Microlycées sont en effet davantage destinés aux « raccrocheurs » qu'aux « décrocheurs ». Pour ces derniers, je n'ai pas de solution.
Il est du devoir de l'école publique d'être son propre recours, c'est à elle de tenter de « réinclure » en son sein les exclus qu'elle a créés. C'est là l'enjeu de la démocratie scolaire. Or, sans les Microlycées, ces jeunes n'auraient aucune autre solution, nulle part ailleurs : il importe donc qu'ils retournent à l'école de la République et évitent la prolétarisation des sans-diplômes ni formation.
Oui, certaines mesures peuvent répondre à un souci d'affichage. M. Blanquer, quand il était recteur, a néanmoins mis les moyens nécessaires à nos Microlycées. Le Microlycée doit-il être adossé à un lycée existant ? Sous le ministère Robien, on s'était demandé si ces structures devaient avoir le statut d'établissement public local d'enseignement (EPLE). L'article 34 de la loi Fillon a résolu le problème : les Microlycées n'ont pas de statut particulier, ce sont des structures autonomes, mais pas indépendantes, elles ont un budget et un profil particuliers, mais sous la responsabilité d'un proviseur. Il est bon qu'elles soient adossées à un EPLE mais en tant que structure, non comme un dispositif.
Le principal problème n'est pas celui des postes ni du budget ; c'est la constitution d'une équipe. Bien que nous utilisions les médias, Internet, le site du rectorat, la presse, nous ne trouvons pas facilement de volontaires et nous avons dû passer une petite annonce dans la presse. Il est difficile de susciter chez les enseignants l'envie de « fonctionner autrement ». Tant que l'éducation nationale recrutera sur des critères strictement disciplinaires, il sera difficile de demander à un enseignant d'être, en plus, un éducateur, de travailler en équipe, toutes portes ouvertes - car nous n'avons pas de salle des professeurs, nous avons une « salle commune » aux enseignants et aux élèves. C'est à l'État de changer les bases de son recrutement.
L'internat est à la mode. Le Microlycée de La Courneuve en souhaiterait un mais je n'ai pas l'énergie suffisante pour mettre en internat des élèves abîmés par la vie. La Courneuve demande des moyens pour en créer un au lycée en construction au Bourget. Et le Microlycée de Menton offre des places en internat.