Intervention de Didier Lombard

Commission des affaires économiques — Réunion du 5 avril 2006 : 1ère réunion
Entreprises — Postes et télécommunications - Audition de M. Didier Lombard président de france télécom

Didier Lombard, président de France Télécom :

a tout d'abord assuré que France Télécom était très attachée au dialogue avec les élus sur le terrain. Après avoir fait observer que la moitié de l'activité du groupe France Télécom se déroulait hors de France, il a considéré que son objectif était de gagner la partie ici et ailleurs. Puis il a souhaité présenter les récentes modifications qu'avait connues le paysage concurrentiel où évoluait France Télécom.

D'une part, il a considéré que la migration technologique vers le numérique s'était accentuée. Il a notamment relevé que le développement de la voix sur Internet avait connu une très vive accélération au quatrième trimestre 2005, phénomène qu'avait anticipé France Télécom, mais dont l'ampleur avait été surprenante. En réponse à cette accélération, il a précisé que le groupe comptait migrer plus rapidement encore vers le numérique et modifier son organisation en France afin d'améliorer sa productivité et de pouvoir rivaliser avec ses concurrents européens (Telefonica, Deutsche Telekom...), dans la perspective de la probable consolidation entre opérateurs de télécommunications, qui était déjà en cours aux Etats-Unis et qui devrait intervenir en Europe d'ici à trois ou quatre ans. Il a annoncé une convergence vers le réseau numérique universel de tous les supports : réseau fixe, réseau mobile (troisième génération ou norme Edge), bornes internet sans fil dites « Wi-Fi », technologie de type Wimax, dès l'attribution des licences afférentes par l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), estimant que tout se concentrerait sur un accès unique.

D'autre part, il a considéré que France Télécom devait aussi se préparer à une migration vers les nouveaux métiers : services de téléphonie sur Internet (France Télécom devant lancer bientôt un nouveau service de voix sur Internet à large bande), services dans le domaine de la santé (permettant par exemple une surveillance par vidéo ou par capteurs, un contrôle par bracelet des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer)... Il a jugé paradoxal, mais significatif, que les clients ne soient plus prêts à payer l'accès au téléphone, mais qu'en revanche, ils soient disposés à payer des services à valeur ajoutée dans le domaine de la santé ou de la distraction.

Après avoir conclu qu'il importait donc pour France Télécom de se transformer en opérateur de service et de dégager des marges de productivité sur des services à valeur ajoutée qui montaient en puissance sur les réseaux numériques, M. Didier Lombard, président de France Télécom, a considéré qu'un autre défi devait être relevé pour préparer la génération suivante, celle des réseaux en fibre.

Il est convenu qu'il était trop tôt, aujourd'hui, pour identifier des besoins sur le marché pour des liaisons à un débit trop élevé pour passer sur le réseau en cuivre, c'est-à-dire à un débit supérieur à 25 mégabits. Toutefois, il a estimé que le jour où la télévision haute définition (TVHD) démarrerait, il faudrait pouvoir transmettre plusieurs canaux de TVHD, ce qui exigerait un débit de 50 ou 100 mégabits.

Il a alors évoqué la solution retenue en Allemagne de desservir en fibre jusqu'aux blocs d'immeubles et de poursuivre la desserte jusqu'à l'appartement par le fil de cuivre (par la technique Very High Speed Digital Subscriber Line dite VDSL), ce qui permettait un débit de 50 mégabits sur le tronçon final. Il a fait observer que l'Allemagne avait souhaité que la régulation ne s'exerce pas sur ce nouveau réseau, ce à quoi la Commission européenne s'était opposée au motif que le VDSL utilisait toujours le fil de cuivre.

Après avoir souligné la simplicité de la solution allemande, qui conservait le cuivre pour la chevelure terminale du réseau, il en a dénoncé le caractère transitoire, une telle solution étant menacée d'obsolescence dès lors que les besoins du marché dépasseraient le débit de 50 mégabits. Il a expliqué que telle était la raison du choix, par France Télécom, en janvier dernier, de privilégier le raccordement en fibre jusqu'aux appartements par la technologie Fiber To The Home (FTTH). Relevant que cette option n'utilisait en rien le réseau antérieur, il a considéré que la régulation serait à revoir concernant le FTTH. Il lui a paru qu'en effet, si ce réseau devait être ouvert par France Télécom, il devait l'être dans des conditions commerciales permettant de garantir au groupe un retour sur investissement. Il a d'ailleurs noté que l'Autorité de régulation américaine avait pris le parti de ne pas réguler les réseaux analogues construits par les opérateurs américains Verizon et SBC.

a conclu en précisant que le groupe testait la technologie FTTH dans six arrondissements parisiens et six villes des Hauts-de-Seine pilotes afin d'en mieux maîtriser les conditions d'implantation dans les immeubles et les appartements.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion