En réponse, M. Didier Lombard, président de France Télécom, a précisé que la technologie Wimax utilisait une bande de fréquence limitée et que, dans le cas où plusieurs utilisateurs y recouraient simultanément, le débit se trouvait partagé entre eux. Il a également attiré l'attention sur la nécessité d'équiper chaque maison d'une antenne pour permettre la diffusion du Wimax à l'intérieur. Il a toutefois considéré que le Wimax demeurait un excellent outil en zone peu dense pour compléter le réseau filaire. Il a jugé que, parallèlement au Wimax, la technologie High Speed Downlink Packet Access (HSDPA) serait également très utile en permettant des communications à très haut débit sur la troisième génération de téléphonie mobile.
S'agissant de la fibre, il a expliqué que l'investissement nécessaire pour construire le réseau ne pouvait être amorti que par l'existence d'une demande solvable pour des services à haute valeur ajoutée sur un tel réseau. Evoquant le plan câble, il a estimé que forcer une étape technologique par un plan de ce type et créer artificiellement une production en série pour amoindrir les coûts n'était soutenable que si le financement du plan restait durablement à un niveau élevé, ce qui n'avait pas été le cas pour le plan câble.
Concernant les choix technologiques, il a fait observer que la technologie du fil de cuivre demeurait valable, qu'elle progressait même et qu'elle serait ensuite relayée par de la fibre, vers laquelle la totalité du réseau avait vocation à basculer. Il a considéré que, dans l'attente de cette bascule, le cuivre pouvait être complété par le Wi-Fi, à courte portée, et par le Wimax, à plus longue portée. Il a estimé que le plus opportun, s'agissant des nouvelles zones, était de les équiper en fourreaux aptes à recevoir des fibres, dans la perspective de leur futur raccordement.
Au sujet de la régulation, M. Didier Lombard, président de France Télécom, a regretté certains de ses excès : l'ouverture à la concurrence du marché des renseignements, marché qui ne représentait que 100 millions d'euros, mais dont l'ouverture avait occasionné de très fortes dépenses publicitaires ; la contestation, par Bruxelles, de la désignation de France Télécom comme opérateur de service universel, au motif que seul l'opérateur historique était en mesure de répondre à l'appel d'offres lancé par le Gouvernement. Sur ce dernier point, il a indiqué que si la régulation allait trop loin et que le service universel venait à être régionalisé, France Télécom risquait de se retrouver contraint d'abandonner la péréquation, facteur de cohésion nationale. Il a reconnu toutefois le rôle positif de la régulation, qui avait permis de sortir du monopole et contribué à stimuler le marché. Il a cité la progression de la téléphonie mobile comme l'une des réussites visibles d'une régulation adéquate.
Il a malgré tout déploré qu'en dépit de parts de marchés souvent inférieures à 50 %, France Télécom fasse encore l'objet d'une régulation asymétrique. Il a notamment regretté l'obligation qui pesait sur son groupe de soumettre a priori à l'ARCEP ses offres commerciales et plaidé pour une régulation plutôt ex-post.
Il s'est également étonné que l'articulation entre droit de la concurrence et régulation sectorielle ne soit pas aussi clairement définie en France qu'elle peut l'être dans d'autres pays. Il a précisé que France Télécom se trouvait souvent prise entre deux feux et que, lorsqu'elle se pliait à une décision de régulation sectorielle, elle pouvait malgré tout être tenue responsable de la situation concurrentielle qui en découlait.
Enfin, tout en se félicitant que l'Europe se pose la question du changement de cadre réglementaire pour le secteur, il s'est inquiété de la lenteur de ce changement, alors qu'entraient sur le marché des télécommunications, en dehors de toute régulation, les acteurs du monde informatique (Skype, Google talk...). Il a conclu en insistant sur l'importance de la régulation pour la santé de son groupe, qui souhaitait ramener son ratio dette/EBITDA -résultat opérationnel avant dépréciation et amortissement- de 2,5 à 2, niveau actuel du même ratio pour Deutsche Telekom. Il a notamment fait observer qu'en Espagne, le régulateur se révélait plus attentif à l'opérateur historique.
Evoquant la possibilité de mener une action de groupe (« class action »), il a jugé qu'il n'était pas souhaitable d'encourager de telles actions, qui ne profitaient qu'aux avocats.
Revenant sur le terminal téléphonique dont le lancement prochain avait été évoqué par M. Francis Grignon, il a rappelé que, en tant qu'opérateur, son groupe était client du constructeur d'un tel terminal et qu'il n'envisageait pas de subventionner un terminal qui amoindrirait le chiffre d'affaires de France Télécom. Il a souligné que, de toute façon, la mise en oeuvre de la voix sur Internet par le biais d'un téléphone mobile était très compliquée. Enfin, il a annoncé que, dans les prochaines semaines, seraient bientôt regroupées et lancées, sous marque Orange, des offres simples et intégrées, tout en précisant que France Télécom restait la marque d'entreprise.