Cela fait partie du travail que nous menons sur les risques spécifiques aux jeunes. Il faut que les enseignants soient capables d'expliquer la cybercriminalité.
La CNIL n'a pas compétence sur le respect de l'anonymat, qui relève de la commission des interceptions. Nous sommes compétents pour les données de trafic : qui appelle, quand et d'où. En exerçant cette compétence, nous entendons parler des matériels que vous avez cités. Pour vérifier une ligne, il faut des moyens techniques, et cela se développe.
Sur la réponse mondiale, il faut se mettre d'accord au sein de l'Union européenne ; l'Allemagne et l'Espagne ont choisi un projet de résolution. La commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale va prendre contact avec eux. Si plusieurs pays demandent à l'Union d'agir, cela fera bouger les autres. Nous sommes dans l'actualité, ne perdons pas de temps.
Oui, il y a toujours eu des pertes de données, mais tout le monde n'était pas au courant. Le problème a changé de nature et il est devenu extrêmement grave quand elles ont pu se retrouver sur internet.
La CNIL ne conteste en aucune manière les nanotechnologies en tant que telles, elle s'inquiète de certaines utilisations. Si j'utilise un marteau pour accrocher un cadre, je m'en sers bien ; ce n'est plus le cas si je m'en sers pour assommer ma belle-mère. De même, il peut être utile de suivre une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer. Il s'agit de déterminer les usages que l'on juge bon. Ces technologies appellent une réflexion parce que leur invisibilité créera leur irréversibilité.
Le même raisonnement vaut pour la biométrie. La CNIL rendra sûrement un avis favorable sur le contrôle de l'accès à un laboratoire qui produit des matières dangereuses, mais pas à une cantine de collège, parce que ce n'est pas justifié. Pourquoi ne pas utiliser plutôt le contour de la main, que l'on ne récupère pas à l'insu des intéressés. Il est préférable d'utiliser les technologies les moins intrusives (400 établissements sont concernés) et, pour l'accès à la cantine, un contrôle humain n'est-il pas préférable ? Il y a cinq ans, nous avions 54 demandes de dispositif biométrique, nous en sommes à 4 000 ; 25 millions de Français sont sur Facebook. Le danger tient à ce que tout vient en même temps et que ce déferlement envahit tous les compartiments de la vie en société. Voilà pourquoi il faut être vigilant et travailler sur le droit à l'anonymat. Baudelaire revendiquait deux droits fondamentaux, celui de s'en aller et celui de se contredire soit, en termes poétiques, la liberté d'aller et de venir, et la liberté d'expression. Préservons cela pour pouvoir continuer à évoluer et à s'exprimer sans être suivi à la trace. Si nous ne le faisions pas, pourquoi se serait-on battu depuis 1789 ?