Une concertation nous est proposée sur un dossier où il n'était guère coutumier de nous demander notre avis : voilà un premier sujet de satisfaction.
Vous présentez cet avant-projet de schéma comme une rupture majeure, un changement drastique de stratégie. Le fait même que vous évoquiez une stratégie, conformément à ce que nous avons voulu dans les lois Grenelle I et II, qui traduisent notre vision prospective de l'environnement, constitue un autre sujet de satisfaction. Vous allez même au-delà des objectifs fixés par le Grenelle. Je pense à la route, où vous fixez non seulement une exigence de sécurité, de désenclavement, mais aussi d'équité territoriale.
J'en viens à quelques interrogations. Nous nous sommes engagés, derrière vous, sur la question du transfert modal, notamment vers le ferroviaire, en fixant un objectif de 25 % de report d'ici à 2020. Le CGDD estime que 17 % serait déjà un bon résultat. Nous avons là un objectif, une volonté politique, deux lois qui nous orientent, et pourtant un plan de fret qui réduit la voilure et dont on sait qu'il ne nous permettra pas d'atteindre l'objectif fixé. N'est-ce pas là un paradoxe ?
L'entrée sur le territoire national se fait essentiellement par les ports, dont on connaît l'importance pour l'ouverture vers le Benelux et l'Allemagne. Or cette semaine, nos ports sont en grève. C'est ainsi que l'on tue nos ports : les chargeurs s'éloignent, certains définitivement, avec les pertes d'emploi qui en seront demain la conséquence...
Le canal Seine-Nord-Europe, comme le Lyon-Turin, sont prioritaires. Ce sont là deux dossiers emblématiques qui doivent concrétiser notre volonté de transfert modal, mais dont la pertinence financière est difficile à évaluer. Où en est-on de cette évaluation ?
Sur les transports en commun en site propre, je me réjouis qu'après avoir tenu parole sur le premier appel à projet, doté de 800 millions d'euros, ce qui représente un doublement de l'équipement, vous teniez également parole sur le second appel, malgré la crise, répondant ainsi à une vraie attente des collectivités.
En matière de route, vous privilégiez le désenclavement et l'équité territoriale sans passer par la création d'infrastructures nouvelles. Je m'interroge sur la nature de la concertation à venir : jusqu'à quel niveau la pousserez-vous, et selon quel calendrier ? Il existe de réels projets sur le terrain, sur le détail desquels il serait opportun que la discussion puisse porter, au-delà de la seule stratégie.
J'en viens à la question du financement. Vous prévoyez 170 milliards d'euros de dépenses sur trente ans. Comment y parviendrons-nous de façon réaliste ?
Une série de dossiers, enfin, méritent que l'on y revienne. Je pense au projet de l'A51, auquel manquent encore 90 kilomètres, entre Nice et Grenoble. Pourquoi ne sont-ils pas programmés ? M. Grignon estime, quant à lui, que le projet Saône-Rhin est insuffisamment pris en compte. Le projet de ligne à grande vitesse Paris-Brest a été modifié. Quid, enfin, de la ligne à grande vitesse Paris-Clermont via Orléans, de la LGV Montpellier-Perpignan, de la traversée pyrénéenne ? Sur tous ces dossiers précis, très sensibles, nous espérons des réponses. Il est enfin une série de projets routiers déjà déclarés d'utilité publique qui n'apparaissent pas : nous souhaiterions que l'avant-projet les intègre dans le schéma national.