Monsieur le Ministre, je ne doute pas de votre volontarisme, mais je relèverai trois ambigüités dans votre projet. Tout d'abord, le problème des financements reste pendant. La ligne Paris-Orléans-Clermont-Lyon doit coûter 15 milliards d'euros, charge répartie entre l'Etat et les collectivités, mais celles-ci sont financièrement asphyxiées ! J'avais demandé avec M. Adrien Zeller qu'une partie des recettes de la TIPP soient affectées à des infrastructures de développement urbain, et nous avons eu gain de cause, mais les collectivités, qui doivent délibérer avant le 30 novembre, sont encore dans l'incertitude sur le montant dont elles disposeront, la pérennité de cette ressource et son affectation exacte.
Les pratiques sont également ambiguës. On plaide pour l'intermodalité, mais la plateforme de Perrigny-lès-Dijon, inaugurée en 2005 et qui a coûté 18 millions d'euros, est aujourd'hui fermée ; il en va de même de la plateforme de fret de Gevrey-Chambertin. Après avoir tant oeuvré pour l'axe Rhin-Rhône, nous payons les ports, les plateformes, les aménagements, les barrages et jusqu'aux transporteurs !
Enfin, sur le calendrier, pourra-t-on tout faire en même temps ? Il y a des urgences. Le projet de Route Centrale Europe Atlantique (RCEA) verra-t-elle enfin le jour ? Je suis pour ma part favorable à une concession. La liaison Paris-Orléans-Clermont-Lyon, qui ne prospérera que si elle est poursuivie jusqu'à Montpellier, Barcelone, Nice et Gênes - c'est ainsi que se gagnera le combat contre l'avion - conduira-t-elle à abandonner la LGV Rhin-Rhône ? Lorsque je l'ai interrogé à ce sujet, M. Hubert du Mesnil m'a répondu que la décision reviendrait aux politiques. J'ai le sentiment que la branche Sud est abandonnée et que la branche Nord ne se fera pas. En ce qui concerne la route Troyes-Auxerre-Bourges, les collectivités ont besoin d'un calendrier clair !