Intervention de Frédéric Thiriez

Commission des affaires culturelles, familiales et sociales — Réunion du 11 octobre 2006 : 1ère réunion
Développement de la participation et de l'actionnariat salarié — Audition de M. Frédéric Thiriez président de la ligue de football professionnel lfp

Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel (LFP) :

a apporté les éléments de réponse suivants :

- la Ligue de football professionnel est une association ; les présidents de clubs ont élu le président de la Ligue sur un programme qu'ils ont eux-mêmes signé et que ce président a pour mandat de mettre en oeuvre ;

- la Ligue et la fédération ont signé, en décembre 2002, un accord qui comporte des engagements réciproques : la Ligue aide le football amateur et la fédération soutient les revendications de la Ligue. Elles n'ont donc pas de divergences sur le projet de loi ;

- le championnat est, en réalité, déjà à plusieurs vitesses ;

- l'aléa sportif se trouve limité par la centralisation, par la Ligue, des droits télévisuels de diffusion des matches ; la Ligue joue, en effet, un rôle fondamental par le biais de la solidarité financière qu'elle a instaurée entre les clubs, entre lesquels elle répartit les droits télévisuels. Ces derniers représentent 50 % des ressources des clubs et 20 % des droits provenant des matches de Ligue 1 sont consacrés à la Ligue 2. Il s'agit en définitive du seul domaine de la vie économique où une entreprise n'a pas intérêt à supprimer ses concurrents ;

- à l'occasion des appels publics à l'épargne, les investisseurs institutionnels seront sollicités, ce qui ne sera sans doute pas le cas des petits actionnaires, même si l'on pourrait imaginer, comme en Espagne, la participation des supporters ;

- L'Olympique lyonnais n'a en réalité pas besoin du projet de loi pour entrer en Bourse et il projette de demander la cotation de la holding. S'agissant des autres clubs, l'Olympique de Marseille est concerné par ce texte ; d'autres ont aussi des projets d'investissements, tels Bastia, Lille ou Le Mans pour des stades publics. Il y aura en réalité peu de stades complètement privés ; les villes ne le souhaitent d'ailleurs pas ;

- si certains stades européens cotés en Bourse connaissent des difficultés, la gestion très rigoureuse des clubs français (qui sont passés d'un déficit de 3 millions voilà quatre ans à un surplus de 15 à 20 millions d'euros aujourd'hui) incite à l'optimisme ;

- s'agissant du possible impact de l'introduction en Bourse d'un club sur sa ville, il convient de faire confiance au dialogue entre le club et la municipalité, puisqu'ils ont besoin l'un de l'autre, la collectivité territoriale restant le meilleur partenaire du club et l'enracinement local étant important ;

- la perception d'un certain « activisme » du secteur du football auprès du Parlement peut être liée à ses objectifs ambitieux : faire enfin de la France une grande nation de football et viser le troisième rang au classement officiel des nations européennes effectué par l'Union of European Football Associations (UEFA) en 2008 (contre le cinquième rang en 2002 et le quatrième aujourd'hui). Ceci suppose, d'une part, une série d'actions au plan économique et, d'autre part, que le secteur s'inspire sans arrogance d'autres sports - comme le rugby ou le basket - dans certains domaines (tel le respect des arbitres) ;

- la France a encore beaucoup de retard sur le plan économique par rapport à d'autres pays ; ainsi, le chiffre d'affaires des 20 clubs de première division (1 milliard d'euros) ne représente que la moitié de celui de ses concurrents britanniques. Par ailleurs, en dépit des récentes mesures concernant le droit à l'image, les charges sociales et fiscales des clubs restent notablement plus lourdes dans notre pays. Cependant, on n'a pas enregistré de départ d'un joueur majeur pour une équipe étrangère depuis environ deux ans et demi ;

- l'échec du « G 14 » est une bonne nouvelle, tant pour le football européen que pour l'interpénétration entre football professionnel et football amateur. La coopération du « G 14 » avec les institutions du secteur constitue une victoire pour les ligues professionnelles européennes, dont l'approche est institutionnelle. Il ne sera jamais question d'organiser un championnat européen entre clubs privés, car cela ne correspond pas aux attentes du public ;

- s'agissant de la composition de l'équipe nationale de France, cinq joueurs sur onze jouent à l'heure actuelle dans notre pays, contre 1 seulement en 2002, mais contre 11 pour les équipes britanniques et italienne.

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