Après s'être réjoui de l'impact croissant des comparaisons internationales, M. Eric Charbonnier a présenté le PISA :
- cette enquête, organisée en 2000, 2003, 2006 et 2009, tend à comparer les performances des élèves de 15 ans dans le domaine de la compréhension de l'écrit, des mathématiques et des sciences ; chacun de ces sujets est évalué, l'un d'entre eux faisant cependant l'objet d'une priorité à l'occasion de chacune des enquêtes. En outre, l'avis des chefs d'établissement est sollicité et des questions plus personnelles sont posées aux élèves, ce qui permet d'appréhender aussi leur ressenti et leur niveau social ;
- l'étude a pour triple objectif d'évaluer la qualité des systèmes d'enseignement, notamment au travers de leur performance, de leur équité à l'égard des élèves quel que soit leur milieu social, et de leur efficience, c'est-à-dire du rapport entre les moyens qui leur sont consacrés et leurs résultats ;
- ce nouveau type de comparaisons évite le biais lié au niveau scolaire et permet d'évaluer l'acquisition des connaissances de 6 à 15 ans ;
- la méthodologie, développée scientifiquement, permet d'assurer la fiabilité des résultats ;
- le choc que créent ces derniers est à l'origine de l'évolution du système éducatif dans un grand nombre de pays. Ainsi l'Allemagne, pourtant considérée comme un modèle, a-t-elle été surprise de constater les mauvaises performances de ses élèves dans les trois domaines étudiés, l'impact très important du milieu social sur la performance des jeunes et le caractère élitiste de l'accès au lycée et à l'université.
a indiqué que la France se situait dans la moyenne des pays de l'OCDE mais que, compte tenu du coût très élevé de son système éducatif, on aurait pu s'attendre à de meilleurs résultats. Certains pays, tels la Finlande, le Canada, l'Australie, le Japon et la Corée, atteignent le triple objectif de performance, d'équité et d'efficience.
Il est frappant de constater que les élèves français sont ceux qui expriment le plus d'anxiété quant à l'apprentissage des mathématiques ; en revanche, ils sont ceux qui éprouvent le plus de plaisir dans l'apprentissage des sciences. Ils sont nombreux à ressentir un mal-être et leur taux de redoublement est l'un des plus élevés (près de 30 %, contre 10 % en moyenne au sein de l'OCDE), alors même que l'efficacité du redoublement est douteuse.
Evoquant la Finlande, pays souvent pris en exemple, M. Eric Charbonnier a constaté que ses résultats étaient effectivement meilleurs que ceux des autres pays scandinaves, notamment en raison :
- de la formation des enseignants, qui comprend un apprentissage et une évaluation des capacités en matière de communication, de transmission des savoirs et de psychologie, fondamentales pour réussir dans ce métier ;
- du respect des enseignants par les parents, les chefs d'établissement, les élèves, et plus généralement par l'ensemble de la société, sachant que leurs salaires sont comparables à ceux des enseignants français.
Il a relevé que, en France, en revanche, la formation des enseignants était surtout théorique, les stages rarement organisés dans les écoles les plus difficiles où, de plus, les jeunes enseignants débutent généralement leur carrière.
Il a indiqué que les systèmes éducatifs canadiens et suédois encourageaient l'intégration et la réussite scolaire des jeunes issus de l'immigration. En revanche, le caractère très précoce de l'orientation (dès 10-11 ans) induit par les systèmes allemand, suisse et autrichien explique une orientation essentiellement liée au niveau socio-économique des jeunes en difficulté, qui n'ont pas le temps de rattraper leur retard. Il a jugé que ces résultats plaidaient en faveur du collège unique.
Le PISA évalue aussi la proportion d'excellents élèves, qui ne s'élève qu'à 9 % en moyenne, mais à 8 % pour la France contre 20 % pour la Finlande. La proportion d'élèves français en difficulté s'accroît depuis neuf ans, le système éducatif peinant à les aider à combler leur retard. Pourtant, les élèves français de 7 à 15 ans assistent à 1 h 30 de cours de plus que les élèves finlandais. En effet, le système français comporte le plus grand nombre d'heures, notamment au lycée, et la lourdeur des programmes ainsi que la faiblesse du travail en petits groupes et du soutien individualisé au sein de l'école, contribuent à expliquer le taux de redoublement et l'augmentation de la proportion d'élèves en difficulté.
S'agissant des réflexions relatives aux réformes du système éducatif français, M. Eric Charbonnier a souligné le paradoxe consistant à conjuguer la diminution du nombre d'élèves par classe, le développement du soutien individualisé et la recherche d'économies budgétaires avec la fermeture des écoles le samedi, au risque d'imposer aux élèves des journées très longues.