Intervention de Catherine Tasca

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 25 juillet 2007 : 1ère réunion
Aide au développement — Codéveloppement et flux migratoires - examen du rapport d'information

Photo de Catherine TascaCatherine Tasca, rapporteure :

a rendu compte des travaux conduits avec MM. Jacques Pelletier et Bernard Barraux, de mars à mai 2007, sur le co-développement et les flux migratoires. Elle a précisé que les investigations de la délégation avaient été menées à Paris auprès des ministères concernés, à Bruxelles, auprès des différentes directions générales compétentes, puis au Maroc et au Mali, les deux pays qui concentrent, dans l'immédiat, l'essentiel des actions de co-développement.

Elle a tout d'abord noté que la question des migrations s'affirmait de plus en plus comme un sujet majeur de l'agenda international. Elle a indiqué que très récemment, du 9 au 11 juillet dernier, un forum mondial des migrations s'était ainsi réuni à Bruxelles sous l'égide des Nations unies.

a souligné que dans les années à venir, le phénomène des migrations devrait enregistrer une croissance sans précédent, à la mesure des écarts considérables entre les Etats sur le plan du développement, de la démocratie et de la démographie.

Elle a rappelé qu'entre 1975 et 2003, le nombre de migrants avait plus que doublé, pour atteindre 175 millions de personnes, et que l'Afrique, qui comptait moins de 100 millions d'habitants dans les années 1960, en comptait 600 millions actuellement et devrait en compter un milliard en 2020.

Les projections démographiques laissent ainsi augurer une pression migratoire historiquement inégalée. Elle a estimé que la migration était un phénomène normal, surtout dans le processus de mondialisation, mais que l'on pouvait s'alarmer que dans de nombreux pays, la majorité des jeunes ne puissent concevoir leur avenir qu'en quittant leur pays d'origine.

a observé que si les migrations incontrôlées posaient une série de problèmes aux pays du Nord en termes d'accueil et d'intégration, ils étaient sans commune mesure avec ceux rencontrés par les pays du Sud, principaux destinataires des flux migratoires : 90 % des migrants africains partaient pour un autre pays d'Afrique.

Elle a constaté que les migrations incontrôlées, enjeu économique, enjeu pour l'emploi, pour l'environnement, pour l'Etat de droit, pouvaient l'être également pour la stabilité dans un contexte de repli identitaire comme le montre la crise ivoirienne.

Elle a fait valoir qu'il était donc légitime de lier migrations et développement, mais que la nature de cette relation, complexe, devait faire l'objet d'un examen attentif.

La rapporteure a estimé qu'à long terme, le développement était à l'évidence la meilleure des réponses pour contenir les flux migratoires incontrôlés, mais qu'à court et moyen terme, cette évidence était à nuancer. D'une part, une évolution favorable du niveau de vie des populations augmentait dans un premier temps l'émigration et d'autre part cette émigration apportait une contribution positive au développement : les transferts d'argent des migrants sont plus de deux fois supérieurs à l'aide publique au développement ; ils sont plus fiables et moins soumis à l'évolution des priorités des bailleurs.

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