En réponse, M. Christian Noyer a estimé que la crise des « subprimes » concernait un marché très limité, mais qu'elle s'était étendue à l'ensemble de la titrisation. Il a considéré que si le développement de la titrisation permettait de répartir le risque entre de nombreux acteurs, et favorisait donc le financement de l'économie, elle se traduisait également par une opacité dans la répartition du risque, ce qui pouvait nuire à la confiance en période de tension. Il a indiqué que les banques pouvaient être touchées directement, au niveau de leur bilan, ou indirectement, par l'intermédiaire des lignes de crédit accordées. Il a considéré que les banques françaises se trouvaient presque exclusivement dans le second cas de figure et que leur exposition était très limitée. Il a expliqué que, la crise des subprimes rendant difficile la valorisation des actifs titrisés, certains billets de trésorerie, finançant ces actifs, n'avaient pas été renouvelés, ce qui obligeait les banques à prêter davantage, alors même qu'elles avaient moins de ressources. Il a indiqué qu'en conséquence, les banques manquaient de ressources à court terme, d'1 à 3 mois. Il a estimé que si elles avaient du mal à en trouver, cela ne provenait pas d'une quelconque défiance vis-à-vis du « risque bancaire » lui-même, mais d'un simple problème de liquidité.
Il a indiqué que la BCE avait été « généreuse » en matière d'allocations hebdomadaires de refinancement, attribuant des allocations exceptionnelles à 24 heures les jours où la situation était tendue. Il a relativisé la manière alarmiste avec laquelle la presse avait rapporté certaines de ces opérations, soulignant que, dès lors qu'il s'agissait d'opérations à très court terme, si la BCE prêtait un jour 90 milliards d'euros, puis 50 milliards d'euros le lendemain, additionner ces deux chiffres n'avait guère de sens. Il a ajouté que la BCE avait, en outre, accru un financement à trois mois en août et en septembre 2007, inversant ainsi la proportion des financements de l'eurosystème, désormais constitués pour un tiers de financements à une semaine et pour deux tiers de financements à trois mois, afin d'alléger les besoins de financement à 1 mois, 2 mois et 3 mois.
Il a indiqué que la Réserve fédérale des Etats-Unis avait, dès le mois d'août, élargi la gamme des actifs admis en garantie, porté la durée de ses financements à un mois, et réduit de cinquante points de base son taux du guichet d'escompte. Il a considéré que cette diminution du taux d'escompte ne devait pas être interprétée comme une décision de politique monétaire. La réserve fédérale a, par la suite, le 19 septembre 2007, réduit le taux des fonds fédéraux de 5,25 % à 4,75 %.
a jugé que la crise des « subprimes » ne touchait pas de la même manière l'économie américaine et l'économie européenne, soulignant que l'économie américaine avait atteint son haut de cycle dès 2006, les deux économies présentant un décalage de 18 mois, et que c'était seulement aux Etats-Unis que les ménages avaient été directement touchés. Il a indiqué que la BCE s'était « mise en attente » et souligné que les analystes ne prévoyaient plus d'augmentation à court terme de ses taux d'intérêt.
Il a estimé que les banques centrales étaient, d'une manière générale, réticentes à considérer qu'elles devaient réguler les prix des actifs, parce qu'il n'était souvent pas possible de définir leur juste valeur, et que cela pourrait les amener à décider de hausses de taux beaucoup plus importantes que celles actuellement utilisées pour contrôler les prix des biens et des services. Il a, en outre, considéré que la BCE prenait déjà en compte indirectement les prix des actifs dans son analyse, par l'intermédiaire de l'évolution de la monnaie et du crédit, dont une forte croissance peut indiquer la constitution d'une « bulle ».
Il a jugé qu'au total la crise des subprimes avait été « salutaire », en conduisant les agents économiques à davantage de réalisme, et en mettant en évidence la nécessité d'améliorer la transparence du système financier, en particulier s'agissant de la titrisation.