Intervention de Jean de Ponton d'Amécourt

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 9 juin 2009 : 1ère réunion
Audition de son exc. M. Jean de Ponton d'amécourt ambassadeur de france en afghanistan

Jean de Ponton d'Amécourt :

a indiqué que la coordination avec l'envoyé spécial du Président de la République ne posait aucun problème. Il a souligné que, parmi les vingt-quatre représentants spéciaux des pays membres de la coalition, seuls le représentant américain, M. Richard Holbrooke, et celui de la France venaient du monde politique et étaient les représentants directs de leurs chefs d'Etats respectifs, ce qui leur donnait un poids et une légitimité particulière. De ce fait, le représentant français pouvait exprimer avec une force particulière les analyses françaises. Il a souligné le travail très important effectué par M. Pierre Lellouche depuis sa nomination.

Il a précisé qu'il convenait de distinguer les Pachtounes des taliban, même si la majorité de ces derniers appartient à cette ethnie qui représente environ douze millions d'habitants, soit 40 % de la population en Afghanistan, et environ 24 millions d'habitants au Pakistan. L'Afghanistan ne peut être gouverné sans les Pachtounes, en conséquence la politique de la main tendue aux taliban est une nécessité.

La population afghane, qui n'a rien oublié de la période de gouvernement des taliban, adopte une position de neutralité prudente. D'un côté, le sentiment de déception et d'abandon est très réel et les taliban, qui utilisent ce ressenti, jouent un rôle significatif, notamment en matière de justice et de règlement des différends. De l'autre, cette population garde l'espoir que le gouvernement afghan l'aide car il dispose des moyens de financement de la communauté internationale et du pouvoir de les répartir. La politique suivie par la communauté internationale, théorisée par le concept de « contre insurrection », vise à obtenir un changement de l'état d'esprit de la population pour la faire basculer d'une position de neutralité à une position favorable au gouvernement et à la coalition. Cette politique est bien sûr délicate à mettre en oeuvre, mais, exécutée avec art, elle peut connaître des succès importants dans les trois ans à venir. La population connaît une immense lassitude après quarante ans de guerre et d'insécurité. Les sondages montrent que le gouvernement et la communauté internationale n'ont pas perdu leur légitimité à ce jour, puisque le soutien à leur action reste de l'ordre de 57 %, même s'il a décru ces dernières années.

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