Intervention de Roland Ries

Commission des affaires économiques — Réunion du 27 juin 2007 : 1ère réunion
Evolution de la situation d'eads — Examen du rapport d'information

Photo de Roland RiesRoland Ries, rapporteur :

Après s'être félicité, à son tour, de la convergence de vues entre rapporteurs, M. Roland Ries, rapporteur, a souligné qu'ils avaient souhaité formuler des propositions constructives visant à permettre au groupe de sortir de ses difficultés. Il a ensuite présenté le plan « Power 8 », annoncé par la direction d'Airbus le 28 février 2007. Celui-ci prévoit 10.000 suppressions de postes (5.000 chez Airbus et 5.000 chez ses sous-traitants ou en emplois intérimaires), mais pas de licenciements. Ses objectifs sont ambitieux, puisqu'il vise la réalisation de 5 milliards d'euros d'économies de trésorerie de 2007 à 2010, les pertes cumulées de trésorerie liées au retard de l'A380 s'élevant pour leur part à 6,5 milliards d'euros. Les gains attendus à partir de 2010 sont d'environ 2,1 milliards d'euros par an. Le plan, qui poursuit trois objectifs-clés (accélérer le développement des avions, maximiser la trésorerie et réduire les coûts), comporte deux modules principaux : « réduire les coûts indirects » (32 % des gains escomptés) et « réorganiser la politique d'achat » (31 % des gains escomptés).

a ensuite estimé que, si les suppressions de postes étaient nombreuses, elles n'altéraient toutefois pas la capacité de production. La répartition géographique de la réduction de postes s'établit comme suit : 3.700 en Allemagne, 3.200 en France (hors siège central d'Airbus), 1.600 au Royaume-Uni, 1.100 au siège central d'Airbus à Toulouse et 400 en Espagne. Après avoir insisté sur les implications humaines de tels chiffres (5.000 emplois sur 56.966 à Airbus, soit 8,7 % des effectifs), le rapporteur a souligné que, dans le même temps, EADS et Airbus continuaient à embaucher pour la partie production. En conséquence, a-t-il noté, il existe une dichotomie production/fonctions supports, celles-ci étant affectées par une baisse de 24 %. Il a ensuite fait part du souhait des rapporteurs que les syndicats représentant le personnel soient informés au mieux et associés, dans toute la mesure du possible, à la mise en oeuvre du plan Power 8. Enfin, il a précisé que les sites affectés en France par les suppressions d'emplois étaient Toulouse, Saint-Nazaire, Nantes et Méaulte.

a ensuite souligné que le second grand axe du plan Power 8 visait à transformer l'organisation industrielle d'Airbus pour recentrer l'entreprise sur son coeur de métier et diminuer son exposition aux risques de production. Il a précisé à cet égard qu'Airbus finançait et produisait entre 75 et 90 % de ses programmes, contre moins de 50 % pour Boeing. Cette situation a deux conséquences fâcheuses : d'une part, Airbus n'a pas la possibilité de développer deux programmes lourds simultanément ; d'autre part, l'entreprise assume quasiment seule les risques de développement des programmes. Par ailleurs, le plan vise à dépasser les distinctions nationales et à faire émerger des partenaires industriels forts, la direction proposant de partager avec des sous-traitants de premier rang les coûts et les risques de développement. Ceci reviendrait, concrètement, à autoriser leur prise de participation dans certains établissements voire, à terme, à leur céder ces établissements. A titre de comparaison, Boeing fait réaliser les ailes du B787, qui représentent 35 % de la valeur de l'avion, par des entreprises japonaises. Le rapporteur a souligné que ce point était d'autant plus important qu'Airbus doit moderniser ses produits en augmentant sensiblement la proportion des matériaux composites dans les nouveaux avions, ce qui nécessite de gros efforts d'investissements.

Prenant ensuite l'exemple du site de Méaulte, M. Roland Ries, rapporteur, a rappelé que la volonté de la direction était de « rechercher un partenaire de premier rang capable de réaliser les investissements indispensables à ces nouvelles technologies et de lui apporter un support technologique complémentaire ». A terme, a-t-il relevé, ce partenaire pourrait reprendre la majorité ou la totalité du site. En outre, les membres de la direction d'EADS ont déclaré lors de leur audition qu'ils n'envisageaient en aucun cas une fermeture du site de Méaulte. Le rapporteur a relevé que ce point attestait de la médiocrité de la communication d'EADS sur le sujet. Il a ensuite estimé que la réussite du plan Power 8 était indispensable et qu'il mériterait d'être rediscuté afin de recréer un climat de confiance. Faisant part de l'opposition des syndicats (même si ceux-ci reconnaissent que des mesures de redressement sont nécessaires), il a indiqué que la perte de confiance des salariés pouvait s'expliquer par la mauvaise communication de la direction et par le comportement personnel de certains dirigeants. Il a ajouté que trois éléments justifiaient toutefois le soutien au plan Power 8 : l'augmentation des capacités de production et les recrutements dans ce domaine ; le développement de partenaires industriels solides (par exemple Latécoère) ; et la nécessité de réagir face à la perte de compétitivité d'Airbus, liée à la parité euro-dollar, au surcoût de l'A380 et aux retards dans la réorganisation industrielle de l'entreprise. En conclusion, il a indiqué que les deux rapporteurs étaient convaincus de la nécessité pour la direction de l'entreprise de réexaminer la pertinence du niveau des suppressions d'emploi à la lumière des nouveaux contrats commerciaux conclus lors du Salon international du Bourget.

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