Je me souviens d'une période, qui n'est pas si ancienne, où la DATAR recueillait, tel un véritable « mur des lamentations », les observations des élus locaux sur les situations anormales rencontrées sur le terrain avec parfois plus ou moins de succès dans la résolution des difficultés. A titre d'exemple, si mon département a réglé, très largement par lui-même d'ailleurs, ses problèmes routiers et autoroutiers, reste qu'une situation a particulièrement retenu mon attention par son caractère ubuesque. En 1994, dans le cadre de la négociation des XIe contrats de plan Etat-région, il était envisagé la construction d'un axe La Rochelle - Sainte-Hermine en Vendée, traversant la Sèvre Niortaise et le Marais poitevin. Michel Barnier, alors ministre de l'Environnement, ne cache pas son scepticisme, et plaide en faveur d'une autoroute moins coûteuse. Avec l'aide de Michel Crépeau, alors maire de La Rochelle, nous décidons de lancer la construction d'une autoroute à péage d'une longueur de 60 kilomètres en prolongement de l'autoroute Bordeaux - Rochefort. Toutes les études ont bien été diligentées sur le terrain et les recours des associations ont tous été purgés tant au niveau des juridictions nationales qu'européennes. Mais, depuis 2007 et le lancement du Grenelle de l'environnement, au motif de la protection des espèces animales sur place, la situation a été totalement bloquée. Cette paralysie a même entraîné des dommages collatéraux à l'image de Marans, véritable « ville martyre » qui recueille le flot de poids lourds qui alimentent le port autonome de La Rochelle. Sur le terrain, le conseil général a pourtant bien rempli sa mission en procédant au rachat des 200 hectares nécessaires pour les échanges fonciers et il ne reste plus qu'à lancer un appel d'offres. Or cela fait maintenant trois ans que la situation est complètement bloquée, au point qu'il serait même envisagé, par certains, la construction d'un pont de 5 kilomètres pour traverser un fleuve dont la largeur ne dépasse pas 25 mètres ! Cette situation est clairement inacceptable du point de vue de l'aménagement du territoire ; il faut en sortir !