Les priorités de notre action, monsieur Bérit-Débat, sont définies par les ministères. Elles vont à la poursuite du mouvement de ratification, en encourageant les États non signataires, comme le Japon ou la Belgique ; au renforcement des mécanismes en place dans les pays en développement, d'où l'importance du Fonds international et de la question du traitement préférentiel. Cela témoigne bien de l'intérêt concret du texte, qui ne porte pas seulement des principes mais des actions. Autre priorité, faire du grignotage à rebours, en militant pour que les principes de la Convention soient intégrés dans nos accords bilatéraux, afin d'éviter que l'esprit, voire la lettre du texte ne soient détournés. Tout en travaillant à inspirer l'agenda culturel de l'Unesco, nous appelons l'Union européenne et les États à décliner les principes de la Convention : c'est un combat permanent, qui vise à faire essaimer l'esprit du texte en Europe, et à éveiller la vigilance.
Quoique fondamentale, la question du livre numérique, monsieur Assouline, madame Mélot, n'est pas abordée dans le cadre de la Convention. Elle relève de la problématique des langues et du patrimoine. L'Unesco fonctionne, en ce dernier domaine, de manière empirique, au cas par cas. La numérisation des contenus culturels est cependant pour elle un enjeu, sur lequel elle agit, conformément à l'objectif qui lui est assigné de contribuer à la paix, y compris par les moyens de l'information et de la communication. De cette question, la directrice générale, Mme Irina Bokova, entend faire une priorité de son mandat. C'est ainsi qu'elle a souhaité conforter la coopération entre l'Unesco et la France dans le cadre de la présidence du G20, afin que ce souci y rencontre un écho. Le ministre de la culture l'a invitée à participer cet automne, au forum d'Avignon pour le G8 élargi. Reste que les décisions de l'Unesco se prennent par consensus et requièrent l'accord de 193 États, d'où une certaine lenteur. Pour aller de l'avant, la directrice générale entend organiser en 2012 une conférence sur le sujet.
La politique de communication, monsieur Bodin ? L'Unesco, qui existe depuis l'après-guerre, se consacre pour beaucoup à la prospective et à la rédaction des normes internationales dans le champ de son activité. La directrice générale souhaite mettre en place un important travail de communication afin de faire mieux connaître l'institution. Son siège étant établi en France, elle mériterait d'être mieux connue de nos compatriotes. Nous avons un rôle particulier à jouer. Les commissions nationales sont adossées aux délégations, et les experts qui s'y impliquent représentent la société civile.
Reste que l'activité de l'Unesco est technique, et le fruit d'un long travail de dialogue, ce qui ne facilite pas la vulgarisation, même si la grande qualité de ses travaux justifie qu'ils soient mieux connus du grand public. Outre une bonne coopération avec le G20, une visite du Président de la République serait un bon moyen de faire connaître l'Unesco.
Mettre en cause la directive « Services » en s'appuyant sur la Convention, monsieur le Président ? Encore une fois, l'Unesco fonctionne beaucoup au cas par cas. Le chantier que vous appelez de vos voeux n'est pas ouvert aujourd'hui. Aux ministères d'y réfléchir.