Je ne conteste pas à Areva le droit d'exposer son point de vue. Le rôle d'EDF est celui de l'architecte-ensemblier, et nous accordons aux autres acteurs industriels français une place aussi grande que possible. Nous faisons appel à Areva pour les chaudières, l'alimentation en combustible, le retraitement des déchets : EDF est même le premier client d'Areva ! Mais à l'étranger, il est souvent nécessaire faire appel aux industriels locaux, en tenant compte des zones d'influence et de l'efficacité industrielle. La mission Roussely a reconnu le rôle primordial d'EDF en tant que concepteur-opérateur, riche d'une longue expérience. EDF est le seul opérateur électrique d'Europe occidentale à disposer de l'ingénierie nécessaire pour n'avoir pas à déléguer à d'autres entreprises la construction de ses centrales : sachons tirer parti de cet atout !
Il n'est pas indispensable d'être présent sur le marché allemand, mais si une opportunité se présente, nous la saisirons.
En ce qui concerne British Energy, il faudra attendre dix ou vingt ans pour savoir si son rachat a été rentable. Le Royaume-Uni est l'un des rares pays à avoir une vraie politique énergétique. Le Premier ministre, David Cameron est sur la même ligne que son prédécesseur, et la loi sur l'énergie a été adoptée il y a quelques jours à une majorité de 97 % ! Il est dommage que les journaux français n'en aient pas rendu compte. Il est d'autant plus précieux pour EDF d'être présent au Royaume-Uni que d'autres pays du Commonwealth pourraient mettre en oeuvre des politiques comparables.
J'en viens à la question du financement. Les États-Unis et la Chine ont mis en place des financements d'État pour aider leurs industriels à l'exportation. La France, dans ce domaine, a pris du retard ; il est vrai qu'elle ne dispose pas des mêmes ressources... EDF n'a d'ailleurs pas vocation à être propriétaire de toutes les centrales qu'elle exploite.
Les choix technologiques, Marc Daunis, évoluent lentement. Nos équipes de recherche et développement - les plus importantes du monde - travaillent sur les technologies du futur : les réacteurs de quatrième génération sont en préparation. Le réacteur EPR, comme tout pilote, a nécessité une phase de mise au point, mais le temps est venu de l'industrialisation.
La rénovation du parc nucléaire français nécessitera des investissements considérables. Ceux que requièrent nos projets à l'étranger ne sont pas comparables. Le prix de l'Arenh doit être suffisant pour garantir les investissements nécessaires à la préservation du service public en France. L'extension de la durée de vie des centrales existantes coûtera 35 milliards d'euros dans les années à venir, plus la maintenance courante.
Marc Daunis a parlé d'un « partenariat à la carte ». EDF a toujours fait la part belle à l'industrie française dans ses coopérations ; mais la confiance au sein de la filière doit lui permettre de s'élargir à des acteurs étrangers, faute de quoi nous perdrons certains appels d'offre.