Nous tenons à garder le contrôle sur ce fonds. En vertu de la réglementation, EDF n'est pas opérateur de RTE : elle ne dirige pas ses dirigeants ni ne fixe ses tarifs. J'ai considéré qu'il n'était pas aberrant d'affecter au fonds dédié une partie du capital de RTE, dont le rendement est garanti. Je me suis d'ailleurs engagé à ne pas revendre ces actifs, sauf à les remplacer par de l'argent frais.
Alain Fouché m'a interrogé sur les énergies renouvelables. N'oublions pas que la première énergie renouvelable, c'est l'hydraulique ! Ce sont ses réalisations hydroélectriques qui ont forgé la réputation d'EDF. Cette filière représente encore 15 % de notre production. Quant aux énergies éolienne et photovoltaïque, elles sont aléatoires. Pragmatiques, nous tenons à maîtriser ces technologies et produisons de l'énergie dérivée de ces sources, mais le coût est bien supérieur à celui de l'électricité classique : deux à trois fois pour l'éolien, dix à vingt fois plus pour le photovoltaïque. Le développement de ces énergies creuse donc des déficits considérables, en principe à la charge de l'Etat, en réalité à la charge d'EDF par le biais de la contribution au service public de l'électricité (CSPE) qui ne lui est pas remboursée.
Nous travaillons déjà sur le photovoltaïque avec Saint-Gobain et des entreprises en Allemagne et en Asie, de grands acteurs industriels, mais l'on ne peut demander qu'EDF, entreprise efficace, devienne le financeur de filières marginales ou locales. Oui au pragmatisme, au dynamisme, mais nous devons avoir le souci de l'efficacité.
Je crois, moi aussi, en la filière nucléaire française, et EDF n'a pas été partie prenante de l'échec d'Abou Dhabi. Quand j'ai pris mes fonctions le 25 novembre 2009, EDF ne faisait pas partie du tour de table, et il a fallu indiquer nos prix le 10 décembre. Je ne pouvais rattraper en quelques jours un retard de deux ans. Je ne vous donne pas mon sentiment personnel sur cet échec, même si je pense que la filière française mérite mieux. Simplement je rejoins les conclusions du rapport Roussely.
S'agissant du taux de disponibilité de nos centrales, des 58 réacteurs du parc, je peux vous dire que le taux moyen annuel d'utilisation devrait s'améliorer en 2010, mais le critère important est celui de la production, qui va s'accroître de 5 à 7 %. Nos 58 réacteurs seront tous opérationnels à Noël, sauf incident, ce qui constitue une vraie prouesse technique. Il est préférable de concentrer les arrêts de tranche dans les périodes où l'on consomme moins d'électricité, pendant l'été par exemple. Nous allons améliorer, cela dit, ce taux moyen de disponibilité, malgré l'obligation dans laquelle nous serons de prévoir des arrêts plus longs, en raison des travaux nécessaires à l'allongement de vingt ans de la durée de vie des centrales, ce qui sera sans doute le meilleur investissement que nous aurons à faire. J'exprime ma reconnaissance à l'équipe qui a déjà lancé cette réorganisation. Le chantier est en bonne voie.