Toutes les questions de M. Louis Nègre mériteraient d'être longuement débattues. Mais je vais essayer, comme lui, d'être direct.
Sur sa première question, je rejoins tout à fait son sentiment : il est aujourd'hui nécessaire de remettre à plat un certain nombre d'éléments du système ferroviaire au risque d'aboutir à une impasse financière. Comment financer par exemple aujourd'hui les 80 milliards d'euros de lignes nouvelles prévues par le Grenelle ? La même question se pose pour le financement de l'entretien du réseau. Nous devons également réfléchir aux conséquences de l'ouverture à la concurrence dans le secteur ferroviaire et à l'harmonisation sociale.
Concernant notre capacité d'investissement, nous sommes aujourd'hui dans un pic qui atteint cette année 2,7 milliards d'euros dont 60 % pour le matériel ferroviaire, notamment grâce aux régions, qui ont commandé des rames Régiolis et Regio 2R. Le niveau des commandes va diminuer l'an prochain avant de remonter en 2013-2014. Sur la grande vitesse, les commandes passées par la SNCF assurent le carnet de commande des ateliers Alstom jusqu'à la fin 2015. Nous avons également lancé une réflexion sur le modèle économique de TGV afin de pouvoir continuer à dégager des capacités d'investissements.
La situation française concernant le fret est particulière. Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement organise le 30 mai une table ronde avec les onze opérateurs ferroviaires. Je rappelle que les dix autres opérateurs connaissent des problèmes de développement indépendant de la question du statut des cheminots, notamment en termes de gestion des sillons et d'accès aux plateformes, tant la compétitivité du camion est forte. En réalité, les pays qui ont réellement effectué un transfert modal sont ceux qui ont fait le choix de brider la compétitivité du camion.