Intervention de Marc Otte

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 2 octobre 2007 : 1ère réunion
Audition de M. Marc Otte représentant spécial de l'union européenne pour le processus de paix au moyen-orient

Marc Otte, représentant spécial de l'Union européenne pour le processus de paix au Moyen-Orient :

a tout d'abord souligné le rôle majeur joué par la France au Moyen-Orient, entendu dans un sens très large, de l'Afrique du Nord au golfe arabo-persique. Il a rappelé les engagements français non seulement dans le dossier israélo-palestinien, mais encore en faveur de la stabilisation du Liban ou encore sur le terrain financier. Le projet d'Union méditerranéenne montre à l'évidence que la France continue à jouer un rôle central.

Il a mis l'accent sur le fait que cette région appartenait à la sphère des intérêts européens fondamentaux et que ses fractures rencontraient des échos au sein de certaines franges des sociétés européennes. Il a souligné l'interconnexion croissante entre les différentes crises de la région, le fait que les occidentaux ne déployaient qu'une stratégie réactive d'endiguement et n'avaient pas trouvé le moyen de reprendre l'avantage et noté que les autorités des pays de la région, affaiblies, étaient affectées par le manque d'adhésion de leur opinion.

Evoquant le processus de paix, il a constaté que les problèmes fondamentaux n'avaient pas évolué depuis 1967, que les paramètres de la solution étaient connus, mais que le contexte, notamment le désastre irakien, qui influence les positions des parties et les stratégies des acteurs régionaux, avait accéléré les problèmes latents de la région. La guerre d'Irak avait gravement affecté le crédit des Etats-Unis dans la région, ce qui rejaillit sur celui des Européens, divisés, incapables de proposer une véritable alternative et de toute façon impliqués dans la crise. Elle a aussi accéléré l'émergence de l'Iran comme puissance régionale ainsi que celle d'acteurs non étatiques érigés en menaces stratégiques (Hamas, Hezbollah...) et devenus des « sous-traitants » des puissances régionales. Aux risques accrus de prolifération des armes de destruction massive s'est ajouté l'affrontement, séculaire mais de nouveau entré dans une phase violente, entre sunnites et chiites.

a considéré que ce contexte conduisait à une convergence d'intérêts pour faire évoluer la situation. Parmi celles-ci, on peut citer le fait que les régimes sunnites de la région ne considéraient plus Israël, mais plutôt l'Iran comme leur ennemi principal. Leur préoccupation première était la guerre civile irakienne. Bien que restant un « ennemi » pour les opinions publiques, Israël devenait de facto un allié. Le gage de leur soutien aux Etats-Unis dans la crise irakienne résidait dans l'accélération d'une solution au conflit israélo-palestinien. Dans ce cadre, le secrétaire d'Etat américain, Mme Condoleeza Rice, a signifié un engagement des Etats-Unis qui avait fait défaut jusqu'alors. Il s'agit de recréer un climat de confiance en mettant l'accent sur la négociation bilatérale israélo-palestinienne, engagée et approfondie depuis la fin de l'année 2006, comme première étape vers une solution globale.

a insisté sur le fait que la négociation politique portant sur le statut final devait s'accompagner de changements réels sur le terrain, notamment par l'arrêt de la colonisation et des entraves à la liberté de circulation des Palestiniens et de la perspective d'un Etat palestinien qui soit un voisin acceptable pour Israel. Le problème de Gaza et des affrontements interpalestiniens devront être affrontés : le tiers de la population palestinienne ne peut être exclue d'une relance politique et économique.

a estimé que l'annonce de la convocation d'une réunion internationale sous l'égide du Quartet constituait le moteur d'une attitude plus constructive des parties, en focalisant l'attention des acteurs sur une échéance. Sans garantie de succès, cette réunion peut néanmoins jouer un rôle de catalyseur du processus bilatéral. Le lancement d'une négociation sur le statut final s'appuierait sur le principe des « territoires contre la paix », sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies, sur l'initiative de paix arabe de Beyrouth, sur la feuille de route et sur les accords passés.

Il a précisé qu'aucune invitation à cette réunion n'avait encore été lancée, mais que le Quartet, dont le rôle exact dans la préparation de la réunion restait à définir, ainsi que le comité de suivi de la Ligue arabe, dont la Syrie et le Liban font partie, y participeraient.

Dans l'immédiat, l'état d'avancement des négociations entre le premier ministre israélien et le président de l'Autorité palestinienne n'est pas connu avec précision et une importante réunion qui devait produire un document comme base de discussions vient d'être reportée.

a considéré que l'Union européenne, encouragée par les parrains du processus de paix, avait joué récemment un rôle plus politique et que ce rôle devait constituer l'objectif des programmes d'assistance. Il a indiqué que la réunion internationale de novembre serait suivie d'une réunion des bailleurs de fonds. Il a rappelé que l'Union européenne tentait de relancer une approche globale de la réforme des services de sécurité palestiniens et qu'elle avait engagé quelque 800 millions d'euros en 2007 en faveur de l'Autorité palestinienne. Il serait difficile d'aller au delà de ces montants et l'Union européenne devait rechercher un meilleur partage du fardeau, notamment de la part des Etats-Unis ou des pays du Golfe.

Il a estimé en conclusion que les obstacles à la relance du processus de paix étaient nombreux, mais que les différents acteurs devaient mesurer le coût de l'échec et considérer que le statu quo rendrait une solution ultérieure encore plus difficile à obtenir.

Un débat avec les commissaires s'est instauré à la suite de l'exposé.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion