Contestant tout risque de « boursicotage », M. Jean-François Conil-Lacoste, directeur général de Powernext SA, a indiqué que l'activité « spot » de Powernext Day Ahead rendait structurellement impossible toute spéculation, car, outre que l'électricité est un bien qui ne se conserve pas, la transaction au jour le jour sur des livraisons physiques réelles, en liaison étroite avec RTE, n'offrait aucune perspective à des comportements spéculatifs. Au contraire, il a estimé que l'existence d'un forum quotidien, anonyme, transparent et simple était un précieux outil pour garantir la réalisation d'un équilibre entre offre et demande d'électricité et assurer la sécurité quotidienne du réseau. A cet égard, il a pris comme exemple probant la gestion de la canicule en 2003, durant laquelle les capacités marginales nécessaires avaient pu être mobilisées, en association avec les gestionnaires des réseaux, à des prix qui, pour être exceptionnellement élevés pour les plus marginaux d'entre eux (de 1.000 à 3.000 € le MWh), n'étaient pour autant pas spéculatifs, puisqu'ils concernaient des livraisons physiques effectivement réalisées le lendemain.
S'agissant de Powernext Futures et des échanges à moyen terme, il a rappelé que l'une des caractéristiques du marché français était précisément l'aspect « physique » des transactions. Soulignant l'optimisation des capacités de production et de transport qu'autorisait le mécanisme de marché, il a relevé que l'alternative à celui-ci était le maintien des échanges de gré à gré, qui sont totalement opaques, et sur lesquels les autorités de régulation telles que la CRE ne peuvent enquêter. A cet égard, il a indiqué que sur les 4.000 TWh négociés chaque année en Allemagne, 400 seulement l'étaient de manière totalement transparente et que 1.700 TWh faisaient l'objet d'une transaction de gré à gré transitant par une chambre de compensation, ce qui signifiait que près de la moitié de l'activité était encore totalement opaque. Enfin, tout en rappelant que les marchés à terme avaient pour objet de permettre aux fournisseurs et aux industriels de gérer correctement leurs contraintes grâce au dynamisme et à la flexibilité apportés par les mécanismes de marché, il a estimé que ceux-ci ne pouvaient fonctionner efficacement sans une petite dose de spéculation, qui constitue « l'huile » permettant aux rouages, c'est-à-dire à l'ajustement optimum de l'offre et de la demande à terme, de fonctionner.
Enfin, considérant que le couplage des marchés constituait une optimisation de la sécurité d'approvisionnement des pays concernés, il a estimé envisageable que se constitue dans l'avenir une bourse européenne de l'électricité, détenue notamment par les gestionnaires de réseau.