Intervention de Jean-Paul Palomeros

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 9 novembre 2010 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2011 — Audition du général jean-paul palomeros chef d'état-major de l'armée de l'air

Jean-Paul Palomeros, chef d'état major de l'armée de l'air :

Sur la coopération franco-britannique, cela fait plusieurs années que nous travaillons ensemble. Cette coopération s'est traduite très concrètement, notamment dans les systèmes de commandement et de conduite des opérations aériennes. Nous avons exercé conjointement le commandement de la force de réaction rapide de l'OTAN (NRF) grâce à une mutualisation des systèmes de commandement. Second élément que je livre à votre réflexion : l'armée de l'air a beaucoup contribué au rapprochement de nos forces. Nos forces aériennes seront capables de coopérer efficacement si le besoin s'en faisait sentir. Il y a bien une difficulté cependant. Elle concerne le futur avion F 35. C'est un sujet d'inquiétude, car nous n'avons pas encore d'éléments suffisants pour dire si l'interopérabilité sera forte ou pas. En outre, cet avion va repousser à un horizon très lointain toute perspective d'équipement en commun des forces aériennes françaises et britanniques.

Pour le reste, nos armées se connaissent. Elles ont des armes en commun. Je pense au missile Stormshadow que nous appelons Scalp, ou au futur missile Météor. Nos systèmes de préparation de mission sont communs. Nous pouvons harmoniser nos pratiques et se retrouver sur l'objectif, dans le cas de missions de vive force. Dans le domaine du transport aérien, l'A400M, équipement commun, sera un atout considérable. Nous avons des concepts similaires de soutien et nous allons nous efforcer d'en retirer le maximum, aussi bien du reste avec nos amis anglais qu'avec nos amis allemands, si cela est possible.

Concernant le ravitaillement en vol, le programme FSTA est un programme très coûteux, parce qu'il repose sur des financements innovants et une couverture de risques importants par le partenaire privé. En outre, la capacité finale sera réduite à neuf avions, plus cinq avions de complément, avec une disponibilité réduite. Nous allons essayer de travailler avec les Britanniques sur cette question, mais cela va être difficile. Notre objectif serait d'avoir un premier lot d'avions MRTT, qui est un avion qui existe déjà, afin d'améliorer nos propres capacités, de pouvoir travailler avec les Britanniques et de retirer du service les avions les plus anciens. Nous sommes bien conscients que nous n'allons pas commander quatorze avions d'un coup, raison de plus pour s'y prendre à l'avance et anticiper le problème. Cela fait plusieurs années que nous avons inscrits le besoin capacitaire dans les différentes lois de programmation. Il est temps d'en arriver au fait.

Sur les avions de combat, le futur du Rafale, c'est le Rafale ! Cet avion a un potentiel très important. L'arrivée du F 35 posera des problèmes d'interopérabilité. L'avenir plus lointain passe par les drones. Les drones de combat tout d'abord. Neuron est un démonstrateur technologique. Il faudra en faire un démonstrateur opérationnel. Quelle sera l'efficacité opérationnelle d'un tel type de système ? Personne n'en sait rien. Nous sommes favorables à l'étude ce type de solution sans réticence. Nous faisons Neuron avec six pays, nous devons pouvoir élargir le cercle de la coopération, ou bien réaliser un deuxième démonstrateur. Ce qui est certain, c'est qu'il n'y a pas, pour l'instant, de convergence entre les britanniques et nous, à court et à moyen terme, sur un avion de combat piloté.

Concernant l'ASMP/A, j'y vois en effet l'expression de l'excellence du savoir-faire de notre industrie, de nos forces et de nos ingénieurs aéronautiques. Nous avons mis les meilleurs ingrédients possibles, des industriels, de la DGA, de l'EMA pour obtenir ce système de combat. La fiche de spécification plaçait la barre très haute en termes de précision, de portée et de protection. C'est un système très robuste. Je ne peux pas en dire plus.

Je reviens aux drones d'observation, les drones MALE. Par quel bout prendre le problème ? Il faut revenir à l'expression du besoin opérationnel. Les forces terrestres sont très satisfaites des drones et des drones MALE en particulier. Néanmoins, elles peuvent faire la comparaison avec les autres systèmes déployés en Afghanistan, c'est-à-dire les systèmes américains et en particulier les drones Reaper qui sont plus gros et dont les capteurs donnent des images plus précises. La question est : peut-on raisonnablement espérer prolonger la vie des drones Harfang ou est-ce illusoire ? Nos capteurs électroniques seront bientôt frappés d'obsolescence. Est-ce que les industriels - EADS et IAI - avec qui nous travaillons dans les meilleures conditions, peuvent moderniser ce système dans des coûts, des délais et des conditions techniques acceptables ? J'en serai très heureux. Mais pour l'instant nous n'avons pas eu de réponse précise. Mais ce n'est pas à moi d'apprécier la réponse dans sa dimension financière et industrielle. Si malheureusement la réponse était négative, le fait est que nous risquons une rupture capacitaire et qu'il faudra acheter sur étagères. Il nous faudrait en tout état de cause prendre une décision avant la fin de l'année. Je n'ai pas de « préférence ». Les drones sont utiles et il faut à tout prix éviter une rupture capacitaire.

La rénovation du Mirage 2000D concernait sa capacité de recueil d'informations électroniques. C'est important pour préparer l'ordre de bataille des systèmes radar adverses. Le député Viollet a souhaité que l'on fasse, au minimum, cette rénovation, grâce aux pods ASTAC. Cela évitera un vide capacitaire lié à l'arrêt d'utilisation de ce capteur avec le retrait du service de la flotte Mirage F1. Plus généralement, concernant les travaux de rénovation du Mirage 2000D, les crédits de levée des risques sont toujours là. La décision a été budgétairement repoussée. Ce que je demande, c'est que cette décision, qui n'est plus seulement une décision budgétaire, soit prise au même niveau que celle qui avait décidé, lors du Livre blanc, la rénovation.

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