Intervention de Jacques Gautier

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 9 novembre 2010 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2011 — Audition du général jean-paul palomeros chef d'état-major de l'armée de l'air

Photo de Jacques GautierJacques Gautier :

Après la conclusion de l'accord de défense franco-britannique il apparait clairement que le futur drone MALE, à l'horizon 2020 sera une évolution du MANTIS et conçu avec nos partenaires britanniques. Pour la période transitoire, 2013-2020, deux solutions s'offrent à vous : la modernisation des quatre drones Harfang dont vous disposez et l'achat de deux ou plusieurs systèmes supplémentaires conçus par les Israéliens et améliorés par EADS, ou bien l'achat sur étagères du drone Reaper à General Atomics avec la francisation et donc l'autonomie des systèmes embarqués. Au-delà des choix politiques ou financiers, pouvez-vous nous donner l'avis de l'utilisateur sur le terrain ?

Jean-Paul Palomeros, chef d'état-major de l'armée de l'air - Nous connaissons bien les systèmes qui existent aujourd'hui, le Harfang et le Reaper. Soit dit en passant, les Israéliens continuent à avancer et ne s'endorment pas sur leurs lauriers. S'agissant des systèmes américains, l'US Air Force est prêt à nous aider, j'en ai reçu les assurances de mon homologue. Est-ce cela se traduirait par une perte d'autonomie ? Je n'en ai pas le sentiment. Les Britanniques ont confirmé, après leur Defense Review, l'achat de cinq Reaper en sus des cinq qu'ils ont déjà. Ils les commandent depuis le Nevada, au sein de l'US Air Force. Les Italiens, depuis longtemps, ont acheté des drones Predator. Ils les utilisent de façon autonome et cela semble leur donner satisfaction. Nous avons, du reste, dû acheter du matériel militaire américain chaque fois que nos industriels n'étaient pas en mesure de nous fournir l'équivalent. Je pense aux AWACS ou aux avions Hawkeye. Personnellement, je n'ai pas d'opposition de principe à l'achat de drones Reaper. Cela permettra une véritable interopérabilité européenne. D'autant que les coûts sont inférieurs, en partie à cause de la parité euro-dollar. L'utilisateur serait très satisfait. Dans le même temps, le drone Harfang permettrait de faire travailler les industriels européens et j'en serais également très satisfait. La décision ne m'appartient pas.

Le président de Rohan et mon collègue Daniel Reiner viennent d'évoquer un problème qui nous tient à coeur : la rénovation des Mirage 2000D qui ne figure pas dans le PLF 2011. On parle moins d'une autre décision de report qui concerne le système de commandement et de conduite des opérations aériennes - SCCOA4 - indispensable pour les forces aériennes. Pourriez-vous nous dire quel est l'impact de ce retard. Par ailleurs, depuis 2006, l'hélicoptère EC725 Caracal d'Eurocopter est opérationnel dans nos forces. Cet hélicoptère dont tout le monde reconnaît les qualités dans le domaine de la RESCO et du transport des forces de combat, a été livré en petit nombre : une quinzaine dont six pour l'armée de l'air. Cet appareil qui rend des services exceptionnels tant en Afghanistan qu'en métropole nécessite d'être conforté. Pourriez-vous nous parler de l'évolution de ce programme.

Jean-Paul Palomeros, chef d'état-major de l'armée de l'air - S'agissant du SCCOA4, il faut saluer nos prédécesseurs qui ont eu la sagesse de prévoir un programme d'ensemble évolutif, cohérent et pleinement compatible avec le système OTAN. L'étape 4 est très importante. Il s'agit de la rénovation des systèmes de radar de détection aérienne, ce que l'on appelle la détection primaire. Contrairement aux radars civils qui fonctionnent en mode coopératif, ces radars militaires détectent tout ce qui vole au-dessus du territoire national, qu'il se soit déclaré ou pas. Ils assurent donc la souveraineté de notre espace aérien. Mais ils datent des années 1960 et nécessitent un personnel nombreux et aux compétences de plus en plus rares. Il faut donc les renouveler. Là encore, on ne pourra pas tout faire d'un coup. Il faut commencer par la façade méditerranéenne. Ce sont les radars les plus anciens, sur la façade la plus critique. Il faudrait que l'on effectue cette rénovation par lots assez rapidement, car le risque d'une rupture capacitaire existe.

Pour ce qui est des hélicoptères, le Caracal EC725 est une évolution du Super Puma développée pour les missions dites de « combat search and rescue » pour l'exfiltration des pilotes tombés derrière les lignes ennemies, mais pas seulement. Nous en sommes très satisfaits et nous sommes très sollicités par des pays alliés désireux d'acquérir aussi bien nos savoir-faire, que d'acheter les appareils d'Eurocopter. Nous en avions acquis six pour l'armée de l'air, et le commandement des opérations spéciales en avait également acquis. Ce qui est une excellente chose et permet de développer les synergies. Le problème est que nous n'en avons pas suffisamment pour accomplir les missions qui nous sont confiées. C'est pour cela que le plan de relance en avait prévu cinq supplémentaires, dont trois pour la DGSE et deux pour l'armée de l'air. Ces deux appareils pourraient toutefois être préemptés pour l'export. Je serais tenté de dire que cet hélicoptère est victime de son succès.

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