Intervention de Frédéric Mitterrand

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 9 novembre 2010 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2011 — Audition de M. Frédéric Mitterrand ministre de la culture et de la communication

Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication :

La Philharmonie sera la clef de voûte de la transmission musicale en France : le directeur général Laurent Bayle a à ce sujet des idées très intéressantes. Aujourd'hui les conservatoires fonctionnent dans un certain désordre et ne répondent pas à toutes les demandes : on constate lors de la fête de la musique combien de mélomanes ne disposent d'aucun lieu pour étudier ou pratiquer leur art.

La carte musique est une excellente initiative ; les utilisateurs se porteront sans doute plutôt vers la musique actuelle que vers la musique classique. Une dizaine de salles de musique actuelle sont d'ailleurs en construction avec l'aide du ministère et, par effet de levier, des collectivités.

Mais mon effort principal porte sur la Cité de la musique et la Philharmonie, où seront aménagées des salles de répétition, d'étude et de rencontres, où seront invités des orchestres internationaux et où des orchestres modestes pourront se produire dans un cadre prestigieux. Songez qu'il n'y a pas de salle de répétition à Pleyel ! Le retard sur Rome, Berlin ou Londres est criant.

Je reconnais que ce budget est difficile à décrypter, mais il n'y a là nulle chausse-trappe : nous avons seulement voulu adapter la maquette à l'évolution des pratiques culturelles, en déplaçant par exemple la rubrique relative au livre. Cette maquette ne changera plus, sauf nouvelle révolution culturelle.

Sur le site Richelieu, le projet artistique et culturel était dans les limbes quand je suis arrivé au ministère. J'ai demandé un rapport à M. Jacques Vistel, et j'attends que les travaux de réaménagement et de mise en conformité correspondent à des usages indispensables.

Je sais l'inquiétude des libraires. J'étais récemment à Rodez, ville moyenne qui s'enorgueillit d'un merveilleux musée où l'on peut voir d'étonnants menhirs, et bientôt d'un musée Soulages ; une excellente librairie est installée en centre-ville, mais le libraire redoute l'avenir. Pourtant, pas plus que la télévision n'a fait disparaître le cinéma en France, contrairement à d'autres pays - on a compté 200 millions de spectateurs en 2009 -, le livre numérique n'est voué à supplanter le livre papier ! Un plan en quatorze points a été élaboré pour encourager la lecture, et nous travaillons dans ce domaine avec les éditeurs. Il faut aider les libraires à mieux valoriser leur apport, qu'il s'agisse d'indexation ou de conseil aux lecteurs.

Il est absurde qu'un livre soit soumis à une taxation différente, à 5,5 % ou à 19,6 %, selon qu'il paraît sous forme papier ou numérique ! Je m'apprête à plaider auprès de la Commission européenne à partir du 18 novembre en faveur de l'abaissement du taux pour tous les biens culturels, en affûtant particulièrement mes arguments sur le livre numérique.

Madame Morin-Desailly, j'accorde la plus grande importance aux radios locales et associatives qui, à l'instar des « groupes de goûts » créés sur Internet, permettent à des gens ayant des affinités semblables de se rencontrer et d'échanger. Je les défends auprès du conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), et je veille à ce que l'attribution de fréquences à France Bleu se fasse selon les règles. J'attends le rapport Kessler sur la numérisation de la radio pour faire évoluer la réglementation.

Le contrat d'objectifs et de moyens d'audiovisuel extérieur de la France sera publié d'ici à la fin de l'année : le Premier ministre a rendu des arbitrages financiers.

La suppression de la télévision à certaines heures sur les chaînes publiques a eu des effets inattendus : les chaînes privées n'ont récupéré qu'une faible part de la manne publicitaire, qui s'est reversée à d'autres heures sur les chaînes publiques. Aujourd'hui que le marché publicitaire se rétablit, France Télévisions dégage des surplus commerciaux appréciables. J'entends lui laisser une marge suffisante pour faire face à la réorganisation de France O et au développement de son offre numérique imposé par le contrat d'objectifs et de moyens. Mais si la situation perdure, il serait anormal que le groupe public en bénéficie seul. M. le député Patrice Martin-Lalande avait proposé d'ajouter au COM un avenant relatif aux résultats ; le mécanisme doit encore être mis au point.

Il ne faudrait pas que le parrainage fût un moyen de faire rentrer par la fenêtre ce que l'interdiction de la publicité avait fait sortir par la porte. France Télévisions estime ses retombées à peu de choses, mais les chaînes privées s'en scandalisent. Nous avons cherché à définir plus précisément le parrainage, et la charte adoptée par France Télévisions me semble satisfaisante : elle préconise la réduction drastique des programmes courts en prime time et leur contingentement en deuxième parte de soirée.

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