Intervention de Cyril Robinet

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 20 octobre 2010 : 1ère réunion
Situation en somalie — Audition de M. Cyril Robinet chargé de mission afrique de l'est à la délégation aux affaires stratégiques

Cyril Robinet :

Le port de Berbera est un projet de toute première importance pour le Somaliland et pour l'Ethiopie. L'Ethiopie est un pays de 80 millions d'habitants, avec un potentiel de croissance économique énorme. Djibouti est saturé, et même si les infrastructures routières sont améliorées, cela ne sera pas suffisant, il faut trouver un autre moyen d'entrée et de sortie des marchandises en Ethiopie, et pour cela le port de Berbera est très important pour le développement éthiopien.

Un autre problème aussi pour l'Ethiopie est celui de l'Erythrée. Les deux pays n'ont pas vocation à rester ennemis, et lorsque les relations seront apaisées entre eux, il y aura alors trois ports pour les marchandises éthiopiennes. En attendant, à l'heure actuelle, le port de Berbera est nécessaire pour désengorger Djibouti.

Concernant les Djiboutiens, s'ils se réjouissent de l'existence du Somaliland, qui constitue ainsi une zone tampon les protégeant du conflit somalien, ils peuvent s'inquiéter de l'émergence d'un concurrent. On peut imaginer que les Américains et les Britanniques qui travaillent aujourd'hui à partir de Djibouti préfèreraient s'installer au Somaliland si cet Etat était reconnu. La France aussi est un partenaire très important du Somaliland, le groupe Bolloré a un projet pour le port de Berbera, qui devrait positionner la France comme le premier investisseur au Somaliland. En termes de relations diplomatiques, l'ambassadeur de France à Djibouti a été le premier ambassadeur à se rendre au Somaliland pour féliciter le nouveau président élu en juillet 2010. Il y a également une tradition francophone dans l'ouest du Somaliland. La France est très présente au Somaliland, et Djibouti pourrait s'en inquiéter, il convient donc de rassurer notre partenaire djiboutien en faisant passer le message que la France ne soutiendra pas l'un ou l'autre pays, mais bien les deux. La croissance éthiopienne pourrait être bloquée si ces deux débouchés maritimes ne s'offraient pas à elle : à long terme, Djibouti a donc tout à gagner du développement du port de Berbera, qui dynamisera encore plus l'économie éthiopienne.

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