Intervention de Jean de Gliniasty

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 20 octobre 2010 : 2ème réunion
Audition de M. Jean de Gliniasty ambassadeur de france en russie et communication de M. Patrice Gélard président du groupe d'amitié france-russie du sénat

Jean de Gliniasty, ambassadeur de France en Russie :

Les Russes sont contents que l'Ukraine ait inscrit dans une loi organique qu'elle n'adhérera jamais à l'Otan. Mais ils savent aussi qu'une autre majorité politique pourrait défaire cette loi et en décider autrement. Ils considèrent avoir rendu service aux Occidentaux en Afghanistan, avoir conclu le nouvel accord START, être allés au-delà de la résolution 1929 du Conseil de sécurité sur les sanctions à l'égard de l'Iran. Ils n'ont pas livré à l'Iran de missiles S-300. Ils ont persuadé les Chinois de voter les sanctions.

Bref, ils estiment avoir fait beaucoup et attendent un paiement en retour. Or tout élargissement de l'Otan serait un danger à leurs yeux. Pour eux, la prééminence du Conseil de sécurité et de l'Onu par rapport à l'Otan ne doit pas être remise en cause. Le monopole de l'usage de la force dans le monde doit rester aux Nations unies et les bombardements en Irak ont été jugés un inacceptable « coup de canif » dans le contrat !

Le rapprochement pourrait être fragilisé par des conflits gelés actuellement ou des problèmes territoriaux. Il y a la Tchétchénie, avec les violences, les atteintes aux droits de l'homme. Parmi les conflits gelés, il y a la Transnistrie, où on peut espérer un règlement pacifique, mais aussi la Géorgie, problème plus délicat et qui n'est pas réglé, car un retour de flamme est toujours possible...

Dans cette conjoncture, la France a plutôt bien tiré son épingle du jeu. En 2009, nous sommes les seuls à avoir maintenu au même niveau notre flux d'investissement, si bien qu'en juillet 2010, nous sommes passés de la neuvième à la cinquième place des investisseurs étrangers et des flux commerciaux. Mais nos échanges ne représentent encore que 5 % du commerce extérieur russe, contre 15 % pour l'Allemagne. Nous avons été également les premiers à répondre à l'appel du Président Dimitri Medvedev sur les partenariats industriels.

L'évolution profonde que connaît ce grand pays n'est pas achevée, les risques de retour en arrière ne sont pas à négliger, ce qui exige du doigté de notre part.

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