La guerre de Tchétchénie a été un traumatisme collectif. De nombreux Russes ont été chassés, dans des conditions catastrophiques : ils forment la clientèle électorale de Vladimir Jirinovski. Les Chinois ne sont guère visibles : l'immigration économique est essentiellement caucasienne, les personnes originaires du Caucase reprennent tous les petits commerces. La montée du racisme à leur égard dans la société est indéniable.
Le gouvernement, en revanche, est conscient qu'il faut intégrer une partie de ces immigrés, russophones et souvent éduqués, pour enrayer le déclin démographique. Le léger accroissement de la population en 2009 n'est pas dû à l'amélioration des structures sanitaires et sociales ou à la politique nataliste, mais à un gain migratoire, et les autorités le savent. D'où des interventions très fermes contre les crimes racistes.
Il n'y a pas non plus une once d'antisémitisme d'État en Russie. Vladimir Jirinovski est d'ailleurs juif ; sa famille a été exterminée par les Allemands. D'importantes personnalités du monde politique et administratif sont d'origine juive. Pas d'antisémitisme donc dans l'appareil d'État, dans le monde du spectacle ou des arts, plus de quotas implicites comme au temps de l'URSS. Mais il y a bien une tradition antisémite sous-jacente notamment orthodoxe. Les préjugés existent, mais sans être très nocifs : la question raciale n'est pas aussi taboue dans la société russe qu'en France, et l'ironie et les sobriquets sont monnaie courante.