L'idéologie communiste transcendait tout, et les muftis ou évêques étaient des agents stipendiés, souvent membres du KGB.
Aujourd'hui, le souci est de différencier le « bon » Islam de l'extrémisme. Le Tatarstan est l'une des provinces les plus dynamiques en la matière : en face d'une énorme cathédrale orthodoxe se dresse une énorme mosquée. Le métropolite et le Grand mufti s'entendent parfaitement, l'église officielle musulmane est cultivée et honorée. Son école religieuse enseigne aussi bien la philosophie occidentale que le Coran : nous pourrions nous en inspirer ! À Moscou, la mosquée en construction en face du stade olympique arborera un bulbe doré de dix mètres. Les religions officielles -l'islam en fait partie- sont cultivées ; les sectes protestantes et pentecôtistes sont respectées, l'État intervenant discrètement dans les luttes internes. Religion officielle, l'islam est encouragé quand il joue le jeu de la légalité.
Reste le cas de la Tchétchénie : comme l'a bien décrit Jonathan Littell, Vladimir Poutine, pour mettre fin à la guerre, a laissé carte blanche à Kadyrov, qui lui a fait allégeance et instauré un islam rétrograde pour asseoir sa légitimité dans la lutte contre les boïeviki, dont la plupart se réclament du wahhabisme.