Intervention de Jean-Michel Blanquer

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 25 octobre 2011 : 1ère réunion
Évaluation à l'école maternelle — Audition de M. Jean-Michel Blanquer directeur général de l'enseignement scolaire dgesco au ministère de l'éducation nationale

Jean-Michel Blanquer, directeur général de l'enseignement scolaire (DGESCO) au ministère de l'éducation nationale :

Je vous remercie, madame la présidente, de l'occasion qui est offerte à la direction générale de l'enseignement scolaire de pouvoir donner des éclaircissements sur cette question qui a été présentée dans la presse. Les titres de la presse ne sont pas le meilleur point d'appui pour avoir une idée claire de cette question.

L'objectif principal de tout le système scolaire est d'arriver à ce que plus aucun enfant ou presque ne sorte de CM2 sans savoir lire, écrire et compter, c'est-à-dire sans maitriser les fondamentaux. Notre priorité est le niveau des élèves à la sortie de l'école primaire. Nous savons, par ailleurs, que beaucoup de choses se jouent avant six ans. Sur les 15 à 20 % des élèves qui sont en difficulté à la fin du CM2, la majorité d'entre eux peut être repérée dès l'âge du cycle 2, c'est-à-dire en grande section de maternelle, en cours préparatoire ou en CE1. Il s'agit de prendre à la racine les problèmes qui se posent.

Sous cet angle, il existe une stratégie qui repose sur trois points : la refonte des programmes de l'école primaire qui s'est centrée sur les apprentissages fondamentaux, la réforme de l'aide personnalisée qui permet à tous les élèves d'en bénéficier deux heures par semaine à l'école élémentaire mais aussi à l'école maternelle afin de donner toute son utilité au dispositif, et la question de l'évaluation en CE1 et CM2. Ces évaluations permettent de disposer d'éléments d'information sur le niveau des élèves dans toute une série de compétences très précises. Aujourd'hui, à toutes les échelles, on est capable de voir les progrès ou l'absence de progrès des élèves sur des notions très précises. Cela permet d'avoir véritablement un pilotage pédagogique fin à l'échelle des territoires, puisque les problèmes s'y posent différemment.

Ce triptyque suppose que nous ayons une action en maternelle, en distinguant le cycle 1 et le cycle 2. Comme vous le savez, la loi de 1989 a introduit cette notion de cycle qui est très importante et qui permet en particulier, s'agissant du cycle 2, d'avoir une approche complète de ce qui se passe en grande section, en cours préparatoire et en CE1. Explicitement, on considère depuis lors que la grande section est pour chaque enfant une préparation au CP, afin de lui permettre de disposer de toutes ses chances à l'entrée à l'école élémentaire.

L'école maternelle est, si on devait la définir, l'école du langage par excellence. Or la première inégalité, qui est la racine des problèmes qui apparaissent ensuite à la fin de l'école primaire, est l'inégalité devant le langage et le vocabulaire en particulier. On a donc des actions intensives à mener aussi bien pour la maîtrise du langage que pour le développement de la conscience phonologique. Dans ce contexte, depuis de nombreuses années, existent ce que l'on appelait les évaluations de maternelle qui se pratiquent selon des modalités hétérogènes. Elles ont fait l'objet de multiples travaux pour essayer d'améliorer les instruments existants. On a commencé à travailler au ministère sur un nouveau protocole comme un outil à disposition des enseignants. Ce protocole reposait sur les travaux d'un laboratoire de l'université de Grenoble, lui-même très articulé avec la recherche internationale et qui avait parachevé un travail permettant de fournir aux enseignants un protocole d'évaluation des élèves pour identifier les difficultés mais aussi les entrainements nécessaires pour en analyser la nature. Trois temps étaient envisagés : en novembre-décembre, pour tester les élèves, ensuite de janvier à mai, des entrainements dans le cadre de l'accompagnement personnalisé afin éventuellement de remédier aux difficultés des élèves et enfin, en cas d'absence d'amélioration, en mai-juin, pour prendre un certain nombre de dispositions avec la possibilité d'orienter vers un bilan médical si nécessaire.

Ce projet, qui était destiné aux inspecteurs, est sorti dans la presse de façon caricaturée. Or, il n'était pas terminé puisqu'on a mis l'accent sur les questions comportementales qui faisaient encore l'objet de discussions internes et qui constituent un vrai problème. Ainsi, un sujet d'intérêt général important qui renvoie à la question de l'école maternelle, et plus précisément de la grande section, a fait l'objet de polémiques.

Le ministre s'est exprimé pour rappeler qu'il s'agissait d'un outil facultatif, que la question des comportements ne serait pas prise en compte pour s'orienter vers les autres questions pédagogiques, en particulier la conscience phonologique qui fait déjà l'objet d'exercices mais réclament des outils toujours plus précis, et qu'il ne devait pas être confondu avec les évaluations de CE1 et de CM2 qui jouent un rôle tout à fait différent. Nous allons continuer ces travaux sur ce projet, notamment dans le cadre de concertations avec les syndicats. L'objectif est de fournir un outil utile dès cette année scolaire pour l'utiliser dans la prévention de l'échec en CP.

Des mots qui ont été notés comme ceux que vous avez rappelez, « risque » et « haut risque », étaient ceux du laboratoire dans un document daté du mois d'août, qui a été donné à la presse, probablement avec l'intention d'effrayer ; ce sont bien entendu des mots que nous ne retenons pas. Il s'agit de venir en aide aux élèves qui ont le plus de difficultés.

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