D'après ces interventions, il semble y avoir un sentiment d'inquiétude partagé. Personnellement, je mesure que vous vous livrez là à une démarche de rattrapage, mais les craintes persistent. Il s'agit-là d'une école de la compétition et du tri, avec des classements anxiogènes. L'école maternelle devrait rester un lieu d'accueil, d'éveil, qui permet de cultiver le plaisir d'apprendre, le plaisir de la découverte de ses aptitudes et des autres.
La méthodologie que vous proposez - que vous présentez certes avec prudence - répond à une pseudo-nécessité de la performance, dans une société de la réussite. Est-ce que nous allons vers une exigence de réussite, un droit opposable à la réussite scolaire ? Avec un esprit de « juste retour sur investissement » ? C'est très inquiétant.
Vous vous appuyez sur des travaux de spécialistes pour préconiser la généralisation de dispositifs que vous qualifiez « d'outils non obligatoires », mais qui visent à repérer les besoins spécifiques et qui seraient généralisés à l'ensemble des enfants. Quid des enfants à besoins vraiment spécifiques ? On se concentre sur la formation de l'élève parfait, au détriment de l'élève réellement handicapé. Il y a un glissement de la prise en charge des enfants handicapés, vers le traitement de l'ensemble des enfants avec les mêmes outils que les premiers. Ce glissement a déjà été observé par le passé. Il y a une confusion entre le rôle de la médecine scolaire spécialisée et celui des enseignants de l'éducation générale, qui doivent pouvoir se reposer sur ces personnels spécialisés pour prendre en charge les enfants qui ont vraiment des besoins spécifiques. Nous devrions préférer à la stratégie de lutte contre l'échec scolaire, une stratégie de pédagogie pour la réussite scolaire.
Je m'inquiète également de la prédominance de la grande section intégrée dans le cycle 1, au détriment des toutes petites sections et donc de la scolarité précoce.