Intervention de Josselin de Rohan

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 18 mars 2009 : 1ère réunion
Actualité internationale — Audition de M. Bernard Kouchner ministre des affaires étrangères et européennes

Photo de Josselin de RohanJosselin de Rohan, président :

s'est inquiété de la situation prévalant en Afghanistan, marquée par une suspicion des Etats-Unis envers l'indépendance manifestée par le représentant du secrétaire général de l'ONU, et par les interrogations américaines sur l'attitude militaire et politique à adopter pour améliorer la situation de la coalition. Il a déploré que les Etats-Unis envisagent de réaliser une revue stratégique sur ce pays sans y associer leurs partenaires. Il a regretté que certains pays maintiennent des exigences en matière de règles d'engagement. Rappelant combien le gouvernement Karzaï était contesté, que les coûteux efforts de formation en faveur de la police afghane n'avaient guère donné de résultats, que l'armée afghane avait à déplorer une soixantaine de morts par semaine, et que les nations intervenant sous l'égide de l'OTAN enregistraient également des pertes, il a exprimé la crainte d'un refus des alliés de poursuivre leurs actions sur ce théâtre, refus accentué par l'état actuel de déliquescence du Pakistan.

En réponse, le ministre a apporté les éléments suivants :

- les opérations sous l'égide de l'OTAN ont toujours fonctionné avec des règles d'engagement différentes selon les nations participantes. Cela provoque de continuelles difficultés, et aboutit, dans les faits, à ce que certaines nations ne combattent pratiquement pas ;

- la revue stratégique a été confiée à l'envoyé spécial américain, M. Richard Holbrook, excellent connaisseur de la région ; le Royaume-Uni, l'Allemagne puis la France ont également désigné des représentants spéciaux, afin de participer aux discussions. Pour la France, il s'agit du député Pierre Lellouche, nommé parlementaire en mission pour une période de six mois. Les Etats-Unis ont pris le soin de consulter étroitement leurs partenaires ;

- l'éventuel succès de la coalition en Afghanistan passera davantage par la conquête des populations civiles que par des succès militaires. Un des exemples de cette action positive est l'hôpital de Kaboul, dont le personnel est afghan, et qui a été financé avec le concours de la fondation Aga Khan ;

- les besoins de la population civile, essentiellement rurale, sont immenses : 78 % d'entre elle n'ont pas accès à l'eau et 70 % vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Pour améliorer son sort, il faut lui apporter la sécurité. Dans la perspective de la réunion du 31 mars prochain et du Sommet de Strasbourg-Kehl, des réflexions se poursuivent sur une proposition européenne pour l'envoi de forces de gendarmerie ;

- il semble utile que le gouvernement afghan ouvre des négociations avec ceux des responsables taliban qui y seraient disposés ; des contacts de cette nature ont été menés sous l'égide de l'Arabie saoudite. Il sera également nécessaire d'impliquer les chefs de tribus afghans dans la répartition de l'aide apportée par la coalition.

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