Intervention de Henry Laurens

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 5 avril 2011 : 1ère réunion
Audition de M. Henry Laurens professeur au collège de france chaire contemporaine du monde arabe

Henry Laurens, professeur au collège de France :

La formation universitaire de masse était d'un niveau médiocre. En revanche se sont développées des formations universitaires privées, destinées aux élites, souvent liées aux universités occidentales. Habituellement, on disait que les Islamistes recrutaient dans les disciplines scientifiques, les ingénieurs et les médecins en particulier, domaines où la connaissance s'apprend par coeur alors que les autres formations, destinées aux élites, étaient plus littéraires et formaient donc mieux un esprit critique. En outre, le monde arabe connaît le même phénomène que le monde occidental : la surreprésentation des femmes parmi les étudiants. Il y a eu une forte émigration des talents. Les mieux formés ne rêvent que d'une chose : aller à l'étranger. L'immigration arabe que nous connaissons n'est plus du tout la même que celle des années 1970 et 1980. Ce ne sont plus des paysans, mais des ingénieurs, des cadres, des médecins. Ces immigrés et leurs enfants ont joué un rôle déterminant sur Internet. C'est le cas des franco-tunisiens. Ils entrevoient des possibilités de rentrer dans leur pays alors que la corruption, en empêchant la promotion sociale par le mérite, les en avait chassés. Les diasporas vont se réinvestir dans leurs pays d'origine et l'existence même de ces diasporas est un des principaux atouts de l'Europe. Il faut étudier avec attention ce phénomène des diasporas. Si les gens qui habitent dans les pays arabes ont envie de quitter leur pays c'est parce qu'ils voient leurs cousins chaque été et sont envieux de leur mode de vie.

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