Intervention de Henry Laurens

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 5 avril 2011 : 1ère réunion
Audition de M. Henry Laurens professeur au collège de france chaire contemporaine du monde arabe

Henry Laurens, professeur au collège de France :

Le spectre était celui de la guerre civile. Le libéralisme, le pluralisme, pour eux, incarnaient ce risque et ils avaient en tête le Liban, la Syrie, l'Irak, la Jordanie. La réintroduction de la politique c'est le conflit. Mais c'est en même temps le moyen de le résoudre. Le paysan méditerranéen est un personnage schizophrène. D'un côté il est viscéralement enraciné dans son terroir, dans son village, au milieu de ses voisins et de leurs haines recuites. De l'autre, il a des cousins dans l'Europe entière, en Amérique ou ailleurs. Tous les ans, des centaines de milliers de gens traversent la Méditerranée et transmettent de l'information. Cela modifie les choses et crée des attentes.

Par ailleurs vous avez eu un authentique libéralisme arabe. Tous les concepts ont été traduits au XIXè siècle. Il y a eu des penseurs arabes, des références en la matière, il suffit de les revisiter. Il y a eu un âge d'or libéral, jusqu'en 1950. Le Maghreb ne l'a pas connu à cause de la colonisation. Mais l'Orient l'a connu. Il y a donc la possibilité de se référer à des gens qui ont écrit en arabe au tournant du siècle et qui n'apparaissent pas comme des produits d'importation. Parodiant Sartre, je dirais que la démocratie est devenue l'horizon indépassable de notre temps. Ce n'était pas le cas dans les années 1930.

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