Intervention de Nicolas de Rivière

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 6 avril 2011 : 1ère réunion
Audition de M. Nicolas de Rivière directeur des nations unies des organisations internationales des droits de l'homme et de la francophonie au ministère des affaires étrangères et européennes

Nicolas de Rivière, des organisations internationales, des droits de l'homme et de la francophonie au ministère des affaires étrangères et européennes :

Depuis 2003, la France a fait de la lutte contre le SIDA au niveau mondial l'une de ses priorités. C'est un choix politique. La contribution française au Fonds mondial de lutte contre le SIDA a triplé puis a continué d'augmenter. Compte tenu des ressources limitées, cette progression très importante s'est faite au détriment des contributions aux autres organisations, comme le PNUD, qui ont baissé. Il est vrai que si cette progression avait été moindre, notre pays disposerait de davantage de marges de manoeuvres s'agissant des contributions volontaires. Si certains dysfonctionnements ont été révélés récemment, l'efficacité de cet instrument me semble être comparable à celle d'autres instruments ou institutions internationales.

Concernant les opérations de maintien de la paix des Nations unies, il s'agit souvent d'opérations qui sont confiées aux Nations unies parce qu'aucune autre organisation, comme l'OTAN ou l'Union européenne, ne peut ou ne souhaite s'en charger. Le plus souvent, ces opérations se déroulent en Afrique, avec des soldats originaires d'Afrique ou d'Asie du Sud Est, dans des conditions difficiles. A cet égard, l'opération de la FINUL au Liban constitue plutôt une exception. Par ailleurs, la culture des casques bleus reste marquée par le maintien de la paix, comme l'illustre l'attribution du prix Nobel de la paix, et s'apparente davantage à un « super gendarme » qu'à un véritable soldat combattant. A cet égard, l'intervention assez musclée des casques bleus au Congo (MONUC) contre les rebelles fait plutôt figure d'exception.

Ainsi, la mission des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), pourtant sous chapitre VII de la charte, malgré le nombre de casques bleus et l'équipement dont ils disposent, était dans l'incapacité d'intervenir sans l'appui de la force Licorne pour faire respecter le mandat des Nations unies. Cette opération, qui s'inscrit pleinement dans la légalité internationale, est sans précédent pour les casques bleus, car ils sont confrontés, à Abidjan, à une situation de véritable guérilla urbaine avec des armes lourdes qui menacent directement les populations civiles.

Une autre difficulté des opérations de maintien de la paix tient au fait que l'ONU ne dispose pas d'un état-major aussi étoffé que celui de l'OTAN, puisque seulement 120 militaires supervisent ces opérations au siège des Nations unies et qu'elles sont très largement gérées au niveau local.

Enfin, le système de financement actuel, qui repose sur une rétribution au pays contributeur d'un casque bleu, à hauteur de 1.000 dollars par homme et par an, est très incitatif pour des pays en voie de développement, mais peu pour les pays développés comme la France, puisque cette somme ne couvre que le tiers du coût de déploiement d'un militaire français.

Malgré tout, la France figure parmi les premiers pays contributeurs en casques bleus au sein du Conseil de sécurité des Nations unies et parmi les pays développés, avec 1.500 soldats français déployés sous le drapeau des Nations unies partout dans le monde, principalement au Liban dans le cadre de la FINUL. A titre de comparaison, les Etats-Unis et la Russie n'ont aucun casque bleu et la Chine très peu.

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