Notre armée est capable d'être présente sur ces trois fronts, et sur d'autres territoires comme le Liban ou le Kosovo. Le Livre blanc de 2008, la loi de programmation militaire, le contrat capacitaire avec l'armée de terre prévoient une capacité de projection à l'extérieur de 30.000 hommes, durablement. Nous en avons 4.000 en Afghanistan ; en Côte d'Ivoire, des forces prépositionnées en Afrique au titre d'accords de défense ont été redéployées depuis le Gabon ou Djibouti, au titre des accords de défense. Ces forces sont en nette diminution au Sénégal. Nous avons aussi des militaires en République centrafricaine, au Tchad, en vertu d'accords bilatéraux.
Nous disposons de 4.800 hommes dans les forces permanentes : c'est du reste une compagnie positionnée à Libreville qui est venue renforcer Licorne. Nous avons 2.160 hommes dans les forces de souveraineté stationnées sur le territoire national, orientées vers l'Afrique, à La Réunion ou à Mayotte. Et en permanence, soumis à renouvellement trimestriel, 2.530 soldats se trouvent au Tchad, en Centrafrique ou participent à l'opération Atalante dans l'océan indien. Au total, ce sont 9.700 militaires, hommes et femmes, qui sont disponibles en Afrique. Sommes-nous « au taquet » ? Non, fort heureusement ! Les forces stationnées en Afrique, en Afghanistan, au Kosovo et au Liban représentent 22.000 hommes, appartenant essentiellement à l'armée de terre. Pour l'aviation et l'arme navale, les calculs sont plus compliqués puisque ces forces sont par nature mobiles. En Libye, si l'on excepte les six avions basés en Crète, les avions proviennent de bases françaises, Saint-Dizier, Nancy, Dijon, Istres, et un groupe aéronaval en permanence embarqué. Solenzara est un relais métropolitain. Hormis les 120 aviateurs détachés en Crète, à Souda, il ne s'agit pas de troupes engagées à l'extérieur.
Nous sommes dans la phase supérieure de mobilisation, nous ne nous trouvons pas « au taquet ». Les dépenses sont à imputer sur les crédits « opex » du budget de la défense et en cas de dépassement la solidarité ministérielle jouera, puisqu'il ne peut s'imputer sur les crédits d'équipement - c'est un engagement pris en contrepartie de la baisse des effectifs.
Au sein de l'ONUCI, les complicités, les affinités jouent leur rôle. Quand le commandement échoit à un général togolais, il s'agit normalement d'un saint-cyrien... La France compte des siècles de tradition militaire, avec leur gloire et leur malheur. Il serait injuste d'en vouloir à des pays jeunes, qui apportent leur concours à une force internationale mais n'ont ni notre expérience ni notre maîtrise de l'intervention militaire. Quant à l'aide humanitaire, Monsieur Carrère, un bateau de la Croix-rouge française est arrivé directement à Misrata. En outre, la solidarité arabo-musulmane s'exerce et le Qatar ravitaille Benghazi, qui alimente Misrata.