Je suis partagée, depuis hier soir, entre découragement et colère. Le projet de loi de financement de la sécurité sociale ne règle en rien les déficits et pas une once d'attention n'est portée aux plus démunis. Au vu des crédits alloués à cette mission, mon découragement s'amplifie. Hors l'augmentation de 113 % des crédits consacrés à l'action en faveur de l'évaluation et de l'orientation des personnes handicapées, et de 15 % pour l'action en faveur de l'égalité en droit et en dignité des hommes et des femmes, qui ne fait que suivre les dépenses de fonctionnement du 39.19, ce budget, qui concerne pourtant la vie quotidienne de chacun, est en recul. Je comprends mal que l'on puisse le trouver positif.
Nous nous étions beaucoup accrochés, monsieur le rapporteur, sur les crédits consacrés au RSA, que vous entrepreniez déjà de raboter l'an passé. Vous revenez à la charge cette année. La sous-consommation des crédits tient pour beaucoup au caractère complexe et surtout inquisitoire du questionnaire de demande de cette allocation. Allez dire à celui qui ne possède rien d'autre que quelques milliers d'euros hérités de ses parents et placés sur un livret A que de le questionner sur les fonds dont il dispose ne vise que son bien : ne vous étonnez pas s'il comprend qu'on en veut à ses derniers sous !
Quant au RSA-jeunes, j'observe que les conditions sont telles qu'il ne s'adresse pas aux jeunes sans ressources mais plutôt à de jeunes salariés entre deux emplois. Pour y prétendre, il faut avoir moins de vingt-cinq ans et avoir travaillé deux ans au cours des trois dernières années : se trouver dans cette situation, c'est être déjà intégré !
Hier soir, j'ai constaté que Mme Desmarescaux, que j'apprécie, s'était laissé abuser sur les APL, puisque je l'ai entendue affirmer que la fin de la rétroactivité n'aurait pas d'incidence pour les familles, qui, une fois averties de la mesure, feraient diligence pour déposer leur dossier de demande. Mais comment expliquer alors que le Gouvernement attende 240 millions d'économies de la réforme ? Moralité, ce sont toujours les plus démunis qui trinquent.
Bref, je ne comprends pas comment une commission comme la nôtre peut voter un tel budget.