Intervention de Richard Descoings

Commission des affaires culturelles, familiales et sociales — Réunion du 7 juin 2006 : 1ère réunion
Recherche et enseignement supérieur — Audition de M. Richard deScoings directeur de l'institut d'études politiques de paris

Richard Descoings, directeur de l'Institut d'études politiques de Paris :

a souhaité, dans un propos introductif, formuler plusieurs observations d'ordre général sur le système éducatif français post-baccalauréat.

Soulignant que les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) fonctionnaient comme une procédure de pré-recrutement pour les grandes écoles, il a rappelé que leur vocation première, qui s'inscrivait dans un objectif d'efficacité en termes de réussite à des concours spécifiques, ne pouvait s'organiser autour du principe d'égalité des chances. Outils d'élitisme intellectuel, leur seul critère de recrutement repose sur des facteurs de réussite scolaire, le rassemblement des meilleurs bacheliers dans ces classes produisant un effet d'émulation.

Il a mis en perspective la stabilité des effectifs d'étudiants dans les grandes écoles depuis leur création avec le processus de démocratisation de l'enseignement secondaire et la conjoncture difficile du marché du travail qui a également affecté les cadres à partir des années 1980. Ces deux évolutions majeures de notre société ont eu pour effet dans les familles appartenant aux classes les plus favorisées de porter une attention spécifique à l'éducation des enfants et plus particulièrement à leur parcours scolaire. Il a relevé, ainsi, que de nombreux parents s'impliquaient fortement, à l'heure actuelle, dans les choix d'orientation de leurs enfants, mais aussi dans le suivi pédagogique et matériel au cours des études supérieures.

Il a relayé une interrogation relativement nouvelle sur l'adéquation et l'efficacité de ce système en termes de formation et sur les effets pervers qu'il est susceptible de produire en matière d'éviction sociale.

Il a observé, également, que ce processus sélectif permettait aux meilleurs bacheliers de ne pas étudier à l'université, tout au moins durant leurs premières années de formation, et de bénéficier d'un taux d'encadrement supérieur, d'un suivi et d'un accompagnement de qualité. Il a rappelé le présupposé selon lequel la vraie formation est délivrée dans le cadre des classes préparatoires, les connaissances acquises dans les grandes écoles étant considérées comme « un supplément d'âme » après l'épreuve du concours.

Enfin, il a indiqué qu'une des caractéristiques des CPGE à prendre en considération tenait aux opportunités de carrière qu'elles offrent aux enseignants du second degré. Les conditions statutaires des professeurs des CPGE, en termes de positionnement hiérarchique et de rémunération, expliquent l'attachement très fort, au sein du ministère de l'éducation, au maintien des classes préparatoires. Leur intégration au sein de l'université entraînerait un déclassement pour le corps professoral concerné.

a distingué les classes préparatoires aux écoles d'ingénieurs et aux écoles commerciales des classes préparatoires littéraires, précisant que les premières offraient des débouchés à la quasi-totalité de leurs élèves, tandis que les écoles normales et les instituts d'études politiques ne recrutaient au sein des secondes qu'un nombre limité d'élèves.

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