J'ai vécu la situation qui vient d'être commentée puisque j'ai été administrateur de l'établissement public Aéroports de Paris (ADP), fonction que j'ai décidé de quitter en arrivant au Sénat. J'ai donc vécu de l'intérieur la contradiction que le rapporteur soulignait à juste titre entre l'État actionnaire et l'État stratège. Tout d'abord on trouve dans ce genre de conseil d'administration l'Agence des participations de l'État, qui a essentiellement un souci de rentabilité de son investissement, et on trouve aussi un certain nombre d'administrateurs très variés émanant de l'ensemble des directions de l'État. On voit donc bien la contradiction que l'État peut avoir à gérer entre un objectif de rentabilité financière d'une part et une stratégie industrielle de long terme d'autre part.
Sur la question spécifique d'Aéroports de Paris, il me semble qu'il faut établir une nuance : cela relève d'un débat politique sur le long terme. Les infrastructures aéroportuaires de la capitale doivent selon moi rester du domaine régalien à partir du moment où cet établissement public continue l'effort de modernisation qu'il a engagé. On se trouve tout de même confronté au bout d'un moment à une forme de hiatus dans la mesure où on trouve dans ADP l'État actionnaire, mais aussi le FSI, comme le rapporteur l'a pointé, et encore un partenaire privé avec l'Aéroport de Schipol Amsterdam. Pour ma part, je pense que l'État a toute sa place dans une société d'infrastructures aéroportuaires.
Dernier point, je crois que l'État n'est pas en train de reculer sur EADS mais que c'est plutôt l'État allemand, dont la participation va sûrement remonter. Il serait à ce titre peut-être utile que la commission crée un groupe de travail sur les questions aéronautiques et aéroportuaires car il s'agit d'un des secteurs les plus pourvoyeurs d'emplois, il ne faut pas le perdre de vue.