Intervention de Jean-Marc Juilhard

Commission des affaires sociales — Réunion du 12 juillet 2011 : 1ère réunion
Bilan de l'activité du groupe d'études sur le thermalisme et le climatisme — Communication

Photo de Jean-Marc JuilhardJean-Marc Juilhard, président du groupe d'études :

Gare aux a priori ! On voit trop souvent dans le thermalisme une thérapeutique inutile héritée du passé, qui ne survit que parce qu'elle représente un enjeu économique : l'argent de la sécurité sociale serait utilisé pour l'aménagement du territoire... Ces idées reçues sont fausses. Pas moins de 500 000 personnes par an font une cure conventionnée de trois semaines. Seuls les soins sont remboursés, il faut le rappeler. Ces curistes sont atteints de maladies chroniques, seules indications de la médecine thermale : on ne peut les assimiler à des vacanciers !

Les soins sont prescrits par des médecins et assurés par des masseurs-kinésithérapeutes, des infirmiers et des agents thermaux, au nombre de 5 500, dont la qualification fait depuis le 13 mai l'objet d'une certification. Outre les salariés des établissements thermaux, plus de 300 professionnels de santé dispensent des soins lors des cures : psychologues, nutritionnistes ou diététiciens, podologues, sophrologues. La qualité de la prise en charge est déjà un facteur important de mieux-être. Enfin, les établissements thermaux sont des établissements de soins, soumis à de rigoureuses règles d'hygiène et sécurité.

La médecine thermale a donc vocation à s'intégrer pleinement aux réseaux de soins. Les liens avec divers CHU, hôpitaux et regroupements sont déjà tissés sur l'ensemble du territoire. Pourquoi, alors, une telle défiance vis-à-vis de la médecine thermale ?

Première cause : la primauté donnée en France au médicament. Or, pour les affections chroniques, la cure est d'une efficacité très supérieure au médicament. Pour perdre cinq kilos, valait-il mieux prendre du Mediator ou suivre une cure dans un établissement ad hoc ? Les effets des cures sont immédiats et durables. Surtout, la cure ne produit aucun effet secondaire. Son rapport bénéfice-risque est toujours positif et le coût pour la sécurité sociale moindre que celui d'une surconsommation médicamenteuse qui présente en outre un risque d'iatrogénie. Il est heureux que nous revenions aujourd'hui de cet attachement exclusif au médicament.

Deuxième cause de la perte d'intérêt pour la médecine thermale : l'absence de recherche de haut niveau en la matière. Or cette recherche connaît un réel renouveau. Depuis 2004, à la demande du ministre de la santé Xavier Bertrand, les exploitants thermaux contribuent chacun à hauteur de 2 euros par curiste au financement de projets de recherche, les communes thermales, à hauteur d'1 euro. La sélection des appels à projet est confiée à un comité scientifique indépendant et les résultats des études ont vocation à être publiés. D'ici 2012, 90 % des indications des cures auront fait l'objet d'une étude scientifiquement incontestable pour déterminer le service médical rendu du traitement par l'eau thermale.

L'étude Thermarthrose, publiée dans la première revue rhumatologique mondiale, établit sans conteste le SMR de la cure thermale pour les 40 % de curistes présentant une arthrose du genou. Cette étude, qui porte sur 462 patients ambulatoires à Aix-les-Bains, Balaruc et Dax, ne tient pas compte du repos et du dépaysement que procure le séjour en station thermale. Elle fait apparaître une amélioration statistiquement significative des douleurs et de l'incapacité fonctionnelle, amélioration inchangée au neuvième mois. La cure est au moins deux fois plus efficace que le traitement habituel ; tous les curistes sont à même d'en tirer un bénéfice clinique, constaté par patients et médecins.

Deuxième à être publiée, l'étude Stop-Tag, conduite sur 237 patients, a démontré la supériorité du traitement thermal sur le médicament psychotrope de référence pour le trouble d'anxiété généralisé. L'effet de la cure se maintient au sixième mois. La cure est d'autant plus efficace que l'anxiété est sévère et associée à des signes de dépression.

Quatorze autres projets d'études sont en cours de réalisation, portant sur les problèmes de métabolisme, de phlébologie, les troubles psychosomatiques, les soins de suite après un cancer du sein ou encore les soins de l'aidant d'un malade d'Alzheimer. Les résultats déjà connus sont encourageants et imposent de regarder avec plus d'attention l'apport de la médecine thermale à la santé de nos concitoyens. Si j'ai pu vous en convaincre, mon rôle à la tête du groupe d'études n'aura pas été inutile !

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