Intervention de Michel Miraillet

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 7 avril 2009 : 1ère réunion
Conséquences de la crise économique et financière en matière de sécurité et de défense — Audition de M. Michel Miraillet délégué aux affaires stratégiques au ministère de la défense

Michel Miraillet, délégué aux affaires stratégiques au ministère de la défense :

a considéré que la Russie et la Chine présentaient d'indéniables risques bien que de nature différente. En Russie, la crise économique aura un impact fort, la tentation du régime restant bien à ce stade la répression de mouvements sociaux. La tentation de l'isolement et du rejet des responsabilités est importante, sans doute relayée par l'influence considérable conservée par les services de sécurité dans le processus décisionnel moscovite. L'incertitude sur le mode de fonctionnement du régime, qui semble privilégier, dans son analyse, le point de vue des services de sécurité, présente à cet égard un risque majeur. Cela étant, rien d'irréparable n'a encore été accompli, dans la mesure où l'ampleur du choc et le sentiment de dépendance financière conduisent encore Moscou à la prudence. La crise financière et la baisse du prix du pétrole mettent à mal les capacités de financement de l'appareil d'État, financé à 95 % par une industrie des hydrocarbures qui n'a connu aucune modernisation de son appareil de production. La perspective de voir, selon certains experts pétroliers, la Russie dans l'incapacité de satisfaire l'ensemble de ses engagements en matière de fourniture d'énergie à l'Union européenne à l'horizon 2012-2014 constitue en toute hypothèse une éventualité lourde de conséquence, s'agissant par exemple de la relation entre Moscou et les Etats producteurs du Caucase et d'Asie centrale. La nouvelle administration américaine l'a au demeurant parfaitement compris, en cherchant à maintenir et renouveler le dialogue avec Moscou, non seulement au travers des exercices de type G8/G20 mais aussi en ouvrant les perspectives d'un dialogue renouvelé avec la Fédération de Russie (relance du processus Start, perspective d'abandon du 3è site pour la défense anti-missile...).

S'agissant de la Chine, qui à bien des égards apparait pourtant comme l'un des principaux bénéficiaires de la crise compte tenu de l'importance de ses réserves financières et des opportunités d'investissement qui s'offrent à elle au sein des économies occidentales, les tensions sociales, déjà manifestes, pourraient s'aggraver. Les chocs subis par l'industrie manufacturière à faible valeur ajoutée ont mis des millions de personnes au chômage, alors même que la diminution du taux de croissance de l'économie (en dessous du seuil de 8 % considéré comme plancher) risque d'accroître les déséquilibres déjà perceptibles. Pour désamorcer ces tensions, la Chine a lancé un plan d'investissement et de relance de la consommation de plus de 400 milliards de dollars, très ambitieux. Ce plan porte toutefois en germe certaines fragilités (hausse des salaires qu'une partie de l'industrie ne peut assumer, relance de la consommation et de la réduction de l'épargne que freine l'absence de système de protection sociale...).

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