Pour autant, même si l'enseignement et la recherche participent à cet effort collectif, il n'y a pas de rigueur aveugle ; le choix qui a été délibérément fait est de préserver très fortement le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche, en considérant que l'investissement dans les universités et la recherche contribue à préparer notre avenir et doit faire l'objet d'une priorité marquée de notre part.
Cette priorité se mesure à la fois dans ce budget mais également sur la durée puisque nous pouvons maintenant regarder et mesurer l'ampleur de ce qui a été accompli en quatre ans. Plus de 9 milliards d'euros ont été investis dans l'enseignement supérieur sur la période 2007-2012, conforment à l'engagement pris par le Président de la République. N'y sont toutefois pas compris les investissements d'avenir -ce qui pourrait pourtant ajouter 20 milliards d'euros-, le plan de relance ou encore l'opération Campus pour 5 milliards d'euros. On est donc uniquement là sur le coeur de notre activité. Avec la plus grande honnêteté possible, si l'on évalue l'ensemble du surcroît de ressources consacrées à ce secteur, il s'agit donc de 9 milliards d'euros.
Ceci se traduit pour la dépense intérieure d'éducation consacrée à l'université, par le passage de 8.600 euros à 10.180 euros en moyenne par étudiant, soit une augmentation de 18 % qui représente environ le double de tous les rythmes d'augmentation qui ont pu être observés au cours des dernières années, toutes majorités confondues.
On constate le même effort en matière de recherche. La dépense intérieure de recherche, qui s'établit à 43,6 milliards d'euros, a progressé de manière très soutenue depuis 2006, à un rythme de 15 % contre un rythme de 10 % pour la période 2002-2006.
En 2012 -année d'efforts pourtant très soutenus imposés à la quasi-totalité des secteurs de la politique publique- l'enseignement supérieur et la recherche seront très largement épargnés. Je ne dis pas que des efforts ne doivent pas être fournis et que nous n'allons pas chercher à améliorer les méthodes de fonctionnement des universités et des organismes de recherche mais cela n'a rien à voir avec les pays qui nous entourent, ni avec les efforts qui sont demandés aux autres domaines ministériels !
Les crédits budgétaires, en autorisations d'engagement, seront en progression de 428 millions d'euros en 2012, soit 1,7 % d'augmentation. La montée en puissance du crédit d'impôt recherche sera poursuivie à hauteur de 174 millions d'euros ; enfin, les intérêts de l'opération Campus permettront de réaliser 167 millions d'euros d'investissements supplémentaires en 2012 sur des chantiers que l'on voit fleurir sur les différents campus universitaires. J'étais ce matin à Strasbourg où plusieurs opérations remarquables ont commencé, notamment la réhabilitation de la BNU. On peut également évoquer, à Bordeaux, les chantiers sur les sciences humaines, à Lyon les différentes résidences étudiantes qui ont été lancées soit dans le cadre des opérations Campus, soit dans le cadre des investissements d'avenir. S'y ajoutent, au titre des investissements d'avenir, 1,2 milliard de crédits qui seront débloqués pour la seule année 2012 au profit de l'ensemble du secteur. Il s'agit donc là d'une poursuite de l'effort qui se traduit pour l'enseignement supérieur et pour la recherche par des priorités simples et claires.
En matière d'enseignement supérieur, la priorité porte sur l'amélioration des conditions d'études pour les classes moyennes avec la décision de passer à dix mois de bourse : nos étudiants étudiaient dix mois mais les bourses étaient versées sur neuf mois. La rentrée débutait en septembre ; les principales dépenses étaient alors réalisées, or les bourses étaient versées en novembre. Les seuils pour accéder aux bourses aboutissaient à exclure de fait les familles des classes moyennes qui percevaient deux SMIC par foyer. Nous sommes montés à 3,3 SMIC. Il y avait au début 480 000 étudiants boursiers ; nous sommes passés à 600 000, ce qui est un record pour notre pays en termes de nombre de familles aidées par le biais de nos dispositifs.
Ce sont des sujets qui me tiennent à coeur, sur lesquels j'ai beaucoup travaillé en tant que parlementaire. Je considère que cette question de l'ascenseur social est vitale ; c'est l'occasion pour nous d'avoir une traduction opérationnelle des choix et des engagements qui ont été pris.
Le second point concerne la consolidation de l'autonomie des universités. De ce point de vue, les établissements d'enseignement supérieur verront encore cette année leurs moyens augmenter de 237 millions d'euros. Environ 200 millions d'euros seront consacrés à l'augmentation de la masse salariale, 46 millions seront dédiés au fonctionnement de l'ensemble des établissements, notamment pour soutenir le passage à l'autonomie. Le glissement vieillesse-technicité (GVT) a été pris en compte afin de s'assurer que nous donnions bien à nos universités les moyens d'accéder à l'autonomie.
Enfin, le chantier des campus de demain nous tient à coeur. La France souffrait de disposer de campus inadaptés aux conditions d'études modernes, sous-dotés en équipements numériques et qui n'étaient pas au niveau de nos concurrents internationaux. Plus de 167 millions d'euros d'intérêts seront débloqués cette année pour le lancement de nouveaux chantiers directement opérationnels ; ils font actuellement l'objet d'une sélection très poussée, même dans mon ministère.
S'agissant de la recherche, le but est de lui donner les moyens d'être compétitive au plus haut niveau mondial. Quand on investit un euro dans la recherche, on génère 4 à 6 euros supplémentaires de croissance potentielle de PIB à moyen terme. Investir dans la recherche, identifier les domaines d'excellence pour notre pays, c'est construire les emplois de demain, les gisements de compétitivité, donner des points d'appui à nos entreprises. L'investissement dans la recherche est donc absolument central.
Nous poursuivons le travail des investissements d'avenir, avec non seulement des mesures pérennes destinées à soutenir les crédits budgétaires -en augmentation de 40 millions d'euros, l'État devant consacrer 214 millions d'euros supplémentaires au total à la recherche- mais également le crédit d'impôt recherche.
Les secteurs de l'enseignement supérieur et de la recherche sont une voie de sortie déterminante pour notre pays. Il s'agit de lutter contre nos déficits publics, d'économiser partout où nous le pouvons sur nos dépenses de fonctionnement mais non de connaître une traversée du tunnel sans projet au bout de celui-ci. Il convient de faire de ce pays une nation assise sur sa recherche et son enseignement supérieur et qui construit sa compétitivité sur ces domaines.
En quatre ans, tout a changé : la réforme de l'autonomie des universités, les rapprochements et décloisonnements entre les différentes disciplines. Les partenariats construits de façon beaucoup plus ouverte entre les universités et leur environnement territorial et économique ont métamorphosé le paysage classique de l'université. Cela a réussi non parce qu'il s'agissait d'une volonté gouvernementale et politique mais parce que l'ensemble des acteurs se sont approprié ce changement.
L'espoir, pour notre pays, réside dans l'extraordinaire qualité de son université et de sa recherche. C'est là que se trouvent les leviers qui justifient que, tout au long de ces cinq années, nous ayons investi massivement dans ce secteur. C'est pourquoi, cette année encore, même si nous participons à l'effort collectif, une priorité marquée sera accordée à l'enseignement supérieur et à la recherche.