Intervention de Laurent Wauquiez

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 8 novembre 2011 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2012 — Audition de M. Laurent Wauquiez ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche

Laurent Wauquiez, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche :

Pas en matière de GVT... Le GVT ne fait jamais l'objet d'une position de principe destinée à le compenser.

Enfin, la part que je compte financer dans le GVT relève de décisions nationales qui ont touché des universités autonomes, qui disposent donc de moins de marges de manoeuvre. L'autonomie n'est pas un marché de dupes : pour s'assurer que ce ne soit pas le cas, surtout dans cette période de transition, l'objectif est de faire en sorte que des décisions extérieures à la volonté des présidents d'université, prises au niveau national, soient compensées afin de leur apporter toutes garanties.

Au total, nous disposons de 14,5 millions d'euros ; je prendrais dans ce cadre des mesures transitoires tenant compte d'un certain nombre de décisions catégorielles arrêtées par les présidents d'université. Nous disposons de tableaux qui nous permettent d'évaluer la situation de chaque université ; nous allons donc répartir ces moyens supplémentaires qui sont très attendus et qui ont été très difficiles à obtenir.

S'agissant de l'insertion professionnelle, ainsi que vous l'avez relevé, nous disposons d'un premier indicateur. Il est perfectible. Il ne doit pas constituer l'alpha et l'oméga de la question mais il est toujours bon d'avoir un baromètre. Il nous indique une première tendance et nous renseignent sur les insertions professionnelles qui fonctionnent, les meilleures filières, les meilleures universités. Il faudra bien entendu y ajouter un certain nombre de correctifs au fur et à mesure : combien d'élèves en première année ? Qui et combien vont jusqu'au bout du cursus ? Quels sont les parcours et les diversités sociales ?

Pour le reste, il ne faut jamais oublier qu'un diplôme universitaire est la meilleure assurance chômage. Nous avons tous des exceptions autour de nous, des cas d'étudiants qui ont fait un master en psychologique, en STAPS, en sociologie et qui ont des difficultés pour trouver un emploi mais 90 % des diplômés universitaires trouvent un emploi en moins de six mois ! Le coeur de notre problème, ce sont ceux qui décrochent, principale difficulté de notre système éducatif, et ceux qui s'arrêtent avant le diplôme universitaire. C'est là que la bataille de l'ascenseur social doit se mener.

Enfin, s'agissant des conditions de logement, nous atteignons chaque année les objectifs du plan Anciaux et nous les dépassons. Six mille logements nouveaux ont été construits, 54 nouvelles résidences seront ouvertes et nous tiendrons les objectifs de la réhabilitation puisque nous sommes déjà à 42.000 résidences réhabilitées. Des sites comme Aix-en-Provence ou Avignon sont exemplaires de programmes remarquables en la matière.

Cela suffit-il ? Non ! Existe-t-il un effort à faire porter sur le logement privé ? Évidemment ! Faut-il essayer de travailler dans le sens d'un label permettant d'éviter les marchands de sommeil de profiter de la situation dans certaines villes ? J'y suis ouvert... Il faut agir sur tous les leviers. Nous menons actuellement deux expérimentations, l'une à Lille, l'autre à Lyon avec le passeport logement-étudiant. Nous en analysons les premiers résultats. Les conditions d'études sont une bataille constante. Il faut continuer à travailler dans cette direction mais les choses se sont améliorées.

S'agissant des questions de M. Plancade à propos des 9 milliards d'euros, l'objectif a été tenu en matière d'augmentation des moyens de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Quant à l'IFP, qui constitue un très beau fleuron et un remarquable partenariat public-privé, il n'est pas sous mon contrôle mais sous celui du développement durable. Je me permets cependant de préciser que son fonds de roulement substantiel de 52 millions d'euros laisse quelques marges de manoeuvre à l'IFP. Par ailleurs, j'ai également obtenu qu'il ne fasse pas l'objet d'une mise en réserve supplémentaire de crédits, ce qui va le soulager pour réaliser son exercice budgétaire.

S'agissant d'Universcience, je rejoins vos deux remarques. La bataille pour la culture scientifique est en effet essentielle. Je ne veux pas que notre pays sombre dans l'obscurantisme scientifique. Or, ce risque existe ! Dans notre société d'hypermédiatisation, d'hypersensibilité, le principe de précaution pourrait se transformer en principe de régression scientifique. L'expertise scientifique prend du temps. Les scientifiques passent par des phases d'interrogation qui doivent être acceptées par la culture publique.

Il nous faut défendre la place de la science et de la raison dans un pays comme le nôtre. Cela passe par un travail de fond sur la culture scientifique que nous devons réaliser non à Paris mais dans nos territoires, en faisant en sorte que les expositions scientifiques puissent y tourner, en travaillant avec les associations de nos communes qui oeuvrent pour essayer de diffuser la culture scientifique. On doit également développer le travail en réseau afin de permettre que ce que font les uns bénéficie aux autres, dans le cadre de partenariats.

C'est l'objectif que je souhaite fixer ; si l'on veut développer la culture scientifique, il faut le faire en réseau, dans le cadre d'un travail partenarial où les villes, les conseils généraux et régionaux puissent trouver un interlocuteur partenaire au niveau national. Si chacun oeuvre dans son coin, on n'arrivera pas à démultiplier nos efforts.

Nous travaillons à une réforme de l'organisation et de la gouvernance d'Universcience qui permettra une répartition plus territoriale. Je ne suis pas un élu parisien ; je n'ai pas une vision de l'enseignement supérieur et de la recherche concentrée sur Paris. On a besoin d'une présence innervée dans nos territoires.

Enfin, vous m'avez posé une question sur le développement de la recherche sur projet. Vous avez -et je vous en remercie- eu l'honnêteté de reconnaître que celle-ci constituait une stimulation importante. Je crois primordial de garder une part pour les projets blancs qui permettent de soutenir une recherche fondamentale. Je suis conscient du fait qu'il faut, à l'intérieur des recherches par projet, un calcul beaucoup plus intégré dans le cadre de coûts complets. C'est pourquoi nous avons porté de 11 à 20 % les financements complémentaires qui peuvent être reçus chaque année au titre du préciput, dès lors que les projets sont financés en coût complet.

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