Monsieur le Ministre, la clarté de votre propos, votre connaissance parfaite des dossiers, l'enthousiasme et la conviction que vous manifestez nous font entrevoir la lumière que vous évoquiez au bout du tunnel.
J'ai eu la chance, comme certains de mes collègues, de participer durant trois années consécutives aux échanges entre les parlementaires, l'Académie des sciences et les jeunes chercheurs. Cette action, menée par l'Académie, permet aux parlementaires de rencontrer à la fois des académiciens expérimentés et de jeunes chercheurs. J'y ai trouvé beaucoup d'intérêt ; c'est une action à valoriser et à promouvoir.
Au fil de ces rencontres, on recueille beaucoup d'éléments sur le monde de la recherche et sur celui de l'université. Je voudrais y puiser deux exemples. Le premier est celui d'un jeune chercheur qui anime depuis trois ans une équipe de chercheurs en biologie dans le cadre de l'INSERM ; il nous alerte sur le statut de ces jeunes chercheurs, ingénieurs, techniciens, doctorants, en CDD pour la plupart pour une durée de cinq ans maximum, semble-t-il. On dit qu'on pourrait l'abaisser à quatre ans et six mois. Après ce terme, il n'existe plus de possibilité de retrouver un autre CDD dans une autre équipe de recherche publique. Au bout de trois à quatre ans, ces jeunes collaborateurs commencent à perdre le moral. A titre dérogatoire ou exceptionnel, dans des équipes de recherche où le temps compte, où la durée et l'expérience doivent pouvoir s'inscrire dans les résultats, ne pourrait-on avoir des CDD à l'allemande qui durent dix ou douze ans ? C'est là la question d'un jeune chercheur qui anime une équipe de neuf personnes dans un laboratoire du Sud de la France...
Le second témoignage est celui d'un professeur enseignant-chercheur, de surcroît académicien, qui pense -et c'est là que je voudrais recueillir votre avis- qu'une des fragilités de l'université française réside dans son hétérogénéité de cursus et de niveaux. La même université mène à la fois des actions pluridisciplinaires au sens large du terme et vise des formations de niveau moyen jusqu'à l'excellence. Cet enseignant, au terme de sa carrière il est vrai, affirme qu'il s'agit là d'un élément qui aurait pour effet de faire que nos universités ne sont pas extrêmement performantes dans les différents classements, comme celui de Shanghai. Il préconise plus d'homogénéité afin de promouvoir davantage d'excellence.
Ce sont là deux questions qui m'ont été inspirées par les échanges que j'ai eus avec plusieurs personnes...