Intervention de Alain Juppé

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 4 juin 2008 : 1ère réunion
Politique étrangère et européenne — Audition de M. Alain Juppé président de la commission du livre blanc sur la politique étrangère et européenne de la france

Alain Juppé :

a ensuite décrit la troisième partie du rapport qu'il a considérée comme étant la plus novatrice et qui portera sur l'action extérieure de la France, le fonctionnement du ministère des affaires étrangères et sur l'organisation de notre diplomatie. A cet égard, il a évoqué, en préalable, le fait qu'il y avait un vrai malaise dans le corps diplomatique et l'encadrement du quai d'Orsay quant à l'utilité des diplomates aujourd'hui et le déroulement de leur carrière.

a ensuite indiqué que le premier axe de réforme devait être mené en affirmant l'attachement du rôle interministériel du ministère des affaires étrangères et des affaires européennes. Il a considéré que si le Quai d'Orsay n'avait pas le monopole de l'action extérieure de l'Etat, il devait néanmoins en rester pilote, c'est-à-dire le lieu où l'inter-ministérialité de l'action de la France doit être assurée. Dans cette perspective, il a indiqué que la Commission avait proposé la création d'un conseil de l'action extérieure, pendant du conseil de défense sous la présidence du président de la République, et dont le secrétariat devrait être assuré par le Quai d'Orsay. En second lieu, il a indiqué le souhait de la Commission de réaffirmer que l'ambassadeur est le coordinateur local de l'action des services de l'Etat. Evoquant le parallèle entre les ambassadeurs et les préfets établi par la RGPP, il a indiqué que sans aller jusqu'à confondre les rôles, il fallait que les ambassadeurs aient autorité sur l'ensemble des services présents dans le pays de résidence, y compris ceux du ministère de l'économie et des finances et que soit même envisagée une fusion des services. En troisième lieu, s'agissant du fonctionnement de l'administration centrale, la Commission souhaite voir se mettre en place une grande direction des affaires économiques, de la mondialisation et du développement qui aurait une mission transversale plus cohérente et récupérerait toutes les compétences du ministère en matière de développement. Enfin, il a indiqué que la Commission souhaitait un renforcement de la « géographisation » du ministère, c'est-à-dire la nécessité de renforcer les directions géographiques, en général, et la direction des affaires européennes, en particulier. Il a encore indiqué que le Secrétariat général des affaires européennes (SGAE), tout en demeurant au service du Premier ministre, devait pouvoir s'appuyer sur un Quai d'Orsay particulièrement efficace.

a ensuite évoqué la nécessité de reconsidérer la dimension du réseau d'ambassades et de consulats qui est le second réseau au monde. La Commission avait souhaité réaffirmé le caractère universel du réseau diplomatique français. Fermer les 20 plus petites ambassades ne représenterait pas d'économies substantielles. En revanche, il lui a semblé souhaitable d'établir plus clairement une hiérarchie entre trois principaux types d'ambassades : les grandes ambassades polyvalentes qui assument la totalité des fonctions diplomatiques, dont pour certaines les effectifs importants mériteraient d'être justifiés ; les postes à compétence ciblée, à vocation notamment économique en direction des pays émergents ; enfin les postes « d'influence politique » qui n'emploieraient que quelques agents en plus de l'ambassadeur. S'agissant de l'Union européenne, il a évoqué la question de savoir si le réseau des ambassades bilatérales y restait pertinent. Il a répondu positivement à cette question, considérant que les ambassades bilatérales conservaient toute leur légitimité et devaient avoir un rôle important d'influence et de persuasion. En revanche, il a considéré qu'il n'en allait pas de même pour notre réseau consulaire dont il fallait reconsidérer le déploiement actuel.

a enfin évoqué la question des ressources humaines du Quai d'Orsay, qui, aux yeux de la Commission, ne sont pas gérées de façon efficace. Dans cette perspective, il a manifesté le souhait de voir renforcer la formation initiale des diplomates, notamment en matière de négociations, de communication, de gestion des crises et de maîtrise des langues étrangères. Cette réforme doit également être axée autour de deux maîtres mots : l'ouverture et la mobilité. L'ouverture c'est la capacité d'accueillir en son sein des compétences dont le ministère ne dispose pas, en particulier dans le domaine culturel ou le domaine économique. La mobilité, c'est ouvrir à des diplomates de nouvelles possibilités d'emplois vers l'extérieur. Il a ensuite déclaré qu'il fallait améliorer la communication du ministère, car si les Français ne s'intéressent pas suffisamment à la politique extérieure à l'instar de ce qui se fait au ministère de la défense, c'est aussi parce qu'on ne leur en parle pas suffisamment. Pour terminer, M. Alain Juppé s'est interrogé sur la proportion et les limites de l'externalisation de certaines fonctions opérationnelles du Quai d'Orsay. Il a indiqué, à cet égard, qu'en matière d'aide au développement c'était déjà quasiment fait, par le truchement de l'Agence française de développement, et que le questionnement de la Commission concernait essentiellement le domaine culturel. La Commission du Livre blanc s'est déclarée favorable à l'externalisation, en posant toutefois deux conditions : il faut qu'elle se traduise par une amélioration en termes de performances ; il faut qu'elle puisse laisser à l'administration de référence, les moyens d'un pilotage stratégique.

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