Intervention de Francis Delpérée

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 8 décembre 2010 : 1ère réunion
Situation institutionnelle en belgique — Audition du sénateur francis delpérée professeur à l'université catholique de louvain

Francis Delpérée :

Pour ce qui est du rapport des forces, si l'on ne dispose pas de recensement, on a néanmoins un ordre d'idées : les Flamands représentent quelque 60 % de la population, contre 40 % pour les francophones. Cela étant, l'une comme l'autre, les communautés ne sont pas homogènes. De très sérieuses études universitaires ont montré qu'en réponse à la question du sentiment d'appartenance, 60 % de la population, au nord, dit se sentir d'abord flamande et belge, ensuite, s'il n'y a pas incompatibilité, tandis qu'au sud, 90 % déclarent se sentir belges d'abord, et wallons, bruxellois ou germanophones s'il n'y a pas incompatibilité. L'un de mes collègues universitaires prédisait il y a vingt ans déjà, avec beaucoup de perspicacité, que nous marchions vers un partage en deux nations. La nation belge continue de fonctionner au sud, au centre et un peu au nord, tandis que la nation flamande, au nord, se constitue comme une partie du tout. Cela peut-il fonctionner ? Certainement pas, en tout état de cause, sur le modèle de l'État nation qui a prévalu au XIXe siècle. Cela étant, pour répondre à votre question, je ne vois pas apparaître de problème majeur de « vivre ensemble ». Je vous conterai une anecdote pour l'illustrer : j'ai vu, réunis autour d'une table d'hôtes à Orange, dix Belges, moitié flamands, moitié francophones, trinquer ensemble de bon coeur « à la Belgique » !

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