L'amiral Pierre-François Forissier a tout d'abord indiqué que le MCO du Rafale était un sujet complexe. En effet, il y a quatre standards successifs déployés dans l'armée de l'air et trois dans la marine. Dans la marine, il y a neuf avions stockés plus un à la DGA qui sont encore au standard F1 et qui seront progressivement portés au standard F3. Ils ne peuvent plus voler dans des conditions satisfaisantes, car il s'agissait de prototypes et leurs pièces de rechange ne sont plus fabriquées. Tant que cette mise à niveau n'est pas effectuée, il faut effectivement jongler avec les pièces de rechange. En outre, le moteur de cet avion n'a pas encore effectué suffisamment d'heures de vol pour être considéré comme mature. Il s'agit d'un moteur modulaire ; quand un des modules tombe en panne, on change le module concerné et non pas l'ensemble du moteur. Certains modules ont une durée de vie très longue, d'autres très courte. Dans les deux cas, les durées de vie réelles sont assez différentes des durées de vie théorique calculées initialement. Dans ce contexte, le problème des pièces détachées ne vient pas du fait qu'elles auraient été commandées avec retard, mais bien plutôt que leur commande n'aurait pas été effectuée de façon cohérente. Initialement chaque partie des armées (l'armée de l'air, la marine, la DGA) effectuait ses commandes de façon séparée. Aujourd'hui, grâce à la structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère de la défense (SIMMAD), il est possible d'avoir une vision d'ensemble plus cohérente. L'amiral a souligné que la maintenabilité à bord du porte-avions du Rafale était exceptionnelle comparée à celle de ses prédécesseurs. Il ne fallait que quatre heures en pleine mer pour changer un moteur et renvoyer l'avion en mission opérationnelle. Le taux de disponibilité est de ce fait hors du commun. Il faut donc se méfier des conclusions hâtives concernant le MCO. Même s'il ne cache pas que des difficultés ont été rencontrées par le moteur, le ministre de la défense a réagi en prenant les choses en main, et en établissant un plan de redressement. Il est donc confiant dans cet avion auquel il a reconnu des possibilités d'utilisation « fantastiques ».