Concernant les négociations du BPC, l'amiral Forissier a déclaré que cela n'entrait pas dans sa sphère de responsabilité. La décision appartenait à un chantier privé, agissant en accord avec l'Etat. Il n'avait donc pas d'informations particulières à donner sur ce sujet. Enfin, s'agissant de l'Europe de la défense, l'amiral a indiqué que cela faisait plus de quinze ans que ce concept était devenu une réalité solidement ancrée dans les pratiques de la marine. Des officiers français sont formés en Allemagne et, inversement, des officiers allemands reçoivent l'intégralité de leur formation dans la marine nationale. Il a tenu à souligner les performances de ces jeunes officiers qui effectuent des études supérieures dans une langue qui n'est pas la leur et qui passent des concours de haut niveau, notamment des épreuves de français très difficiles. Il a également indiqué que l'école navale comportait des professeurs et des élèves d'autres nations européennes, notamment l'Italie, l'Espagne et le Royaume-Uni. En ce qui concerne les opérations, l'état-major de la force aéromaritime française de réaction rapide (FRMARFOR) inclut un grand nombre d'officiers européens et, inversement, des officiers français sont insérés dans d'autres armées européennes. Il a mentionné le fait que, par exemple, dans certaines réunions internationales il arrivait que le dossier de la marine allemande soit défendu par un officier français et, inversement, le dossier de la marine française par un officier allemand. Il a encore cité l'insertion d'officiers britanniques dans l'état-major et l'exemple de l'opération Atalanta qui n'aurait pas pu avoir lieu sans l'habitude d'un haut degré de coopération entre officiers de marine européens. Il a conclu sur ce point en indiquant que les principales limites à la coopération européenne en matière maritime étaient d'ordre juridique, les marines nationales européennes ne disposant pas des outils juridiques leur permettant de travailler ensemble de façon optimale. Tout fonctionne encore sur la base d'accords bilatéraux, susceptibles, dans certains cas, d'être étendus à trois ou quatre pays, comme en Méditerranée. Mais il n'existe pas de « Schengen » de la mer ni de règles juridiques européennes, ce qui rend l'objectif ambitieux.